Vous êtes pendulaire et vous prenez le train régulièrement. Et vous avez un collègue qui habite Gex ou Divonne-Les-Bains. Alors vous savez la complexité que c'est pour lui de rejoindre son bureau à Nyon, Morges, Lausanne ou Genève. Ou vous prenez la voiture et vous retrouvez tous les jours ou presque dans des bouchons à Nyon, Begnins ou Allaman.
Tous les jours, 10 000 frontaliers français vont travailler dans la seule ville de Nyon. C'est quasiment autant de voitures qui se jettent sur les routes au petit matin et les engorgent à nouveau le soir venu. Mais ça pourrait changer selon deux chercheurs ingénieux:
Le géographe Sébastien Munafò et l'ingénieur ferroviaire Giuliano Montanaro ont réalisé (à leurs frais) un projet qui pourrait transformer la mobilité en Suisse romande, désenclaver les zones périurbaines du Grand Genève et désengorger la Côte vaudoise: une nouvelle liaison ferroviaire de Genève à Nyon par le Pays de Gex.
Alors qu'on va voter à propos de l'élargissement de l'autoroute A1, les experts en mobilité alertent sur le manque de vision de ce projet:
Et c'est en effet un défi important que d'imaginer la mobilité du futur. Toutefois, regarder le présent permet de voir que le développement prévu va à contre-courant des décisions prises et acceptées par la population, notamment le Plan climat.
On a pu lire dans le quotidien «Le Pays Gessien», à la sortie d'une étude de la Cour des comptes française, que 85% des frontaliers du Pays de Gex se rendent en Suisse en voiture chaque jour pour le travail. Le volume automobile transfrontalier se monte à plus de 100 000 voitures chaque jour sur les autoroutes genevoises et vaudoises.
👉Aujourd’hui et demain, c’est bien à l’intérieur des grands systèmes urbains de Genève et Lausanne que situent ces enjeux, bien plus qu’entre les deux centres-villes, trajet pour lesquels le train est déjà compétitif face à la voiture pic.twitter.com/DK0wSNdRAz
— Sébastien Munafò (@SebastienMunafo) November 30, 2023
Et la réalisation d'une ligne qui permettra ainsi la redondance ferroviaire s'inscrit dans cette vision longtermiste. Actuellement, la ligne Genève-Lausanne ne possède aucun trajet alternatif. Et est donc très vulnérable aux incidents: à l'image du trou de Tolochenaz qui avait paralysé le trafic en 2021 ou les accidents de personnes qui ont des conséquences dramatiques à plus d'un titre sur cet axe unique.
Et pour les auteurs de l'étude que sont Sébastien Munafò et Giuliano Montanaro, le projet d'un doublement de la ligne ferroviaire le long de l'autoroute n'aura qu'un impact restreint sur la situation future:
L'intérêt de cette étude n'est donc pas de fournir une solution clef en main aux autorités, mais d'ouvrir la réflexion et d'imaginer des développements qui seront encore pertinents en 2050 (dans moins de trente ans) quand la population de la Suisse romande aura augmentée drastiquement: les statisticiens et démographes tablant sur une augmentation de près de 30% de la population pour le Grand Genève.