Le nouvel horaire des CFF, dévoilé la semaine dernière, fait une victime principale: la ligne de l'Intercity 5. Tous les voyageurs passant par l'Arc jurassien — canton du Jura, Jura bernois, canton de Neuchâtel et Nord Vaudois — se verront privés d'une liaison directe vers le bout du lac.
Pour résumer: si vous passez par Yverdon-les-bains, le trajet rapide vers Genève, c'est bientôt fini. Il vous faudra descendre à Renens pour changer de train. Une situation qui comporte beaucoup d'inconnues et de désagréments. Mais qu'en pensent les premiers concernés? Watson a recueilli quelques témoignages de pendulaires.
Thelma, par exemple. Cette universitaire fait les allers-retours entre Genève et Yverdon-les-bains, où elle réside, trois fois par semaine. Sa réaction en prenant connaissance de cet élément de l'horaire 2025 est à l'image de celle de nombreux pendulaires:
Prendre la voiture? Ce n'est pas une solution pour celle qui n'a pas le permis et, d'ailleurs, utilise sont temps à disposition dans la rame pour étudier.
Ce n'est donc pas tant l'augmentation du temps de parcours — 8 minutes — que le changement qui la dérange. «Quand je prends le train à 6h54, il est déjà bondé. Le changement à Renens va être horrible», lâche-t-elle.
Mais pour d'autres voyageurs de l'Arc jurassien à destination de Lausanne, ce nouvel horaire est une aubaine. A l'image de Julia*, qui explique que, «égoïstement, ce nouvel horaire est un avantage pour moi, car on passe à deux trains par heure».
Pour cette penduleuse qui voyage entre la capitale vaudoise et les «montagnes neuchâteloises», la fiabilité est un des deux éléments les plus décisifs dans ses choix de mobilité:
Et pour ceux qui ont l'habitude de faire un long trajet, la pilule ne passe pas du tout. A l'image d'Anne*, qui fait le trajet La Chaux-de-Fonds-Genève aller et retour au moins deux fois par semaine. Et penduler sur un trajet total de 1h45, avec un changement à Neuchâtel, c'est déjà épuisant. D'emblée, elle balance:
Anne définit volontiers sa relation avec les CFF comme «d'amour/haine». Pour celle qui est professeure dans une Haute école au bout du lac, c'est aussi l'exemplarité face à ses élèves qui compte.
Et deux changement, c'est deux fois plus de chances d'arriver en retard, en cas de correspondance loupée. «J’ai besoin d’une correspondance rapide certes, mais surtout fiable.» Le cas échéant, elle envisage déjà une autre mesure à prendre:
Une solution qui ne va pas plaire aux tenants d'une mobilité durable. Pourtant, c'est devenu le réflexe de nombreux usagers de l'arc jurassien qui se sentent mis sur le carreau.
*prénom d'emprunt, nom connu de la rédaction
Collaboration: Jason Huther