S'asseoir au milieu de l'autoroute pour réclamer la rénovation de millions de maisons en Suisse. C'est la méthode qu'annonce vouloir mettre à exécution un nouveau collectif suisse qui alerte sur l'urgence climatique. De prime abord, la corrélation ne semble pas très évidente. Mais le projet est pleinement assumé par Cécile Bessire, représentante du mouvement pour la Suisse romande.
La jeune biennoise, qui a participé précédemment aux actions d'Extinction rébellion, nous explique, rapport de Suisse énergie et du GIEC à l'appui, que les bâtiments sont responsables de plus d'un quart des émissions de CO2 en Suisse et qu'un million de maisons sont peu ou pas du tout isolées. Le groupe demande donc au Conseil fédéral de présenter un plan d'action national pour permettre la rénovation de ce million de maisons d'ici 2040.
Le mouvement Renovate Switzerland, actif dans toute la Suisse, fait partie d'un ensemble de collectifs qui effectuera des actions coup de poing dans neuf pays durant le mois d'avril. Cécile Bessire explique que ces actions répondent à la situation d'urgence climatique que les politiques refusent d'admettre aujourd'hui. Ainsi, lorsqu'on lui demande si les moyens employés, comme le blocage des axes routiers, sont une méthode qui fonctionne, elle répond par une boutade en dénonçant la lenteur des outils démocratiques actuels.
Le caractère imminent des effets du changement climatique et la grande inquiétude des militants interpellent jusqu'au politologue René Knüsel. Il souligne la perte de confiance d'une partie de la jeunesse.
Pour les militants, l'urgence climatique ne fait aucun doute et la mise en place d'actions radicales semble être l'unique solution pour attirer l'attention des politiciens.
Le descriptif des actions et des motivations du collectif sont on ne peut plus clair: les militants sont prêts à «perturber, se faire arrêter ou aller en prison jusqu'à ce qu'une réponse substantielle soit donnée à leur demande», comme expliqué sur leur site internet. A ce stade, se coucher sur l'autoroute est une action qualifiée de risquée par Cécile Bessire, mais qui va de soi face aux défis climatiques actuels.
Des déclarations qui n'étonnent pas le politologue vaudois René Knüsel qui explique que comme l'effectuait Greenpeace dans les années nonante, ces actions doivent être spectaculaires pour avoir un impact important. De plus, selon le politologue, l'entrave à la mobilité, en bloquant les axes routiers, est un symbole.
Mais qu'en est-il de l'efficacité de ce type d'action sur le calendrier politique et sur l'opinion publique? Pour René Knüsel, l'impact d'un tel événement est difficile à évaluer.
À cette préoccupation, Cécile Bessire répond qu'elle est prête à prendre les risques nécessaires pour qu'ils mettent en place des mesures concrètes face à l'urgence climatique.