Max Voegtli, trentenaire et militant actif pour la cause climatique, a largement fait parler de lui ces derniers jours. Le porte-parole de Renovate Switzerland a été condamné, mardi, à une peine pécuniaire avec sursis par le tribunal de district de Zurich pour s'être collé les mains sur la chaussée et sur une œuvre d'art. En même temps, il était au cœur d'une polémique après que des images de sa personne attendant un vol aient fuité.
Après l'affaire de votre voyage au Mexique et le jugement de cette semaine, comment allez-vous?
Je vais bien. Après le verdict du tribunal, j'ai dit: «c'est comme ça. J'accepte la décision». Je donne 20 jours au tribunal pour modifier son jugement. Mais pour moi, la vie continue. Le tribunal a pris position, mais je ne comprends pas les raisons. On me dit que je dois trouver des moyens légaux pour exprimer mes protestations. Soyons honnêtes, cela ne mène pas à grand-chose.
Si vous n'êtes pas d'accord avec le verdict, pourquoi ne pas poursuivre cette affaire plus loin?
Pour des raisons financières. J'aurais alors besoin d'un avocat. Je n'en vois pas l'intérêt pour le moment et j'ai d'autres priorités.
Vous avez également été très présent dans les médias en raison de votre voyage au Mexique. Vous avez été exposé à beaucoup de haine. Comment vous êtes-vous senti pendant cette période?
Honnêtement, au début, c'était brutal. Pour moi, bien sûr, mais aussi pour ma partenaire. Au bout d'un certain temps, la haine s'est un peu calmée, j'ai pu voir les choses de manière plus objective et je dois dire que sur bien des points, ceux qui me critiquaient n'avaient pas tort. J'ai lu presque tous les articles et ce qui s'est dit sur les réseaux sociaux. Je voulais comprendre les différents points de vue.
Quelle est votre conclusion?
De nombreuses personnes m'ont critiqué de manière constructive. Elles ont calculé que mon vol avait émis trois tonnes de CO2. Souligner cela est justifié et je suis également très conscient de mes émissions de CO2. Mais beaucoup de gens m'ont reproché mon manque de crédibilité ou le fait que je faisais du tourisme climatique. Parmi ces critiques, il y avait des parlementaires qui ont du pouvoir. Mais ce ne sont pas des gens qui veulent faire bouger les choses. Leur critique avait pour seul but de détourner l'attention de leurs propres actions, car ils ne font rien de leur côté. Lorsqu'il s'agit de citoyens ordinaires, cela ne pose pas de problème. Mais lorsqu'il s'agit de parlementaires, je ne comprends pas les critiques.
Est-ce que quelque chose vous a irrité?
Je n'ai jamais caché que j'allais prendre l'avion. Je n'ai jamais dit que je ne prendrais jamais l'avion, je n'ai jamais dit non plus que personne ne devrait prendre l'avion. Et de toute façon, après l'atterrissage, j'ai voulu rendre transparent le fait que j'avais effectué ce voyage sur LinkedIn et Twitter. Je suis parfaitement conscient de mon empreinte écologique, je la mesure régulièrement. Je suis toujours d'avis que nous devons réduire les voyages en avion. Mais j'ai eu la possibilité de voyager pendant trois mois et je l'ai donc fait. On peut bien sûr discuter de la question de savoir si c'est juste ou non. Pendant de nombreuses années, j'ai par exemple refusé des invitations à des mariages à l'étranger parce que je ne voulais pas prendre l'avion.
Lorsque vous étiez sous le feu des critiques, avez-vous pensé à arrêter votre engagement en faveur du climat?
Oui. Mais j'ai rapidement changé d'avis. Car c'est ce que voulaient ceux qui m'ont critiqué. Les citoyens ne sont pas les seuls responsables de la crise climatique, mais ils sont concernés. Si nous voulons continuer à assurer notre futur, peut-être avoir des enfants, nous devons continuer à nous battre.
On entend dire que Renovate Switzerland pourrait avoir recours à la voie politique, par exemple avec une initiative populaire. Mais vous continuerez avec l'activisme, en commençant par le 13 septembre. Pourquoi?
La résistance civile et les formes de protestation qui l'accompagnent font aussi partie de notre démocratie. Tout comme l'action politique. Celle-ci n'est pas mauvaise, mais on voit bien que les choses n'avancent pas. Cette crise climatique s'aggrave de plus en plus. Et quand on voit que quelque chose ne fonctionne pas, il faut faire différemment. Je pourrais certes adhérer à un parti ou me présenter à une élection, mais je serais alors pris dans le cycle politique et je ne pourrais plus agir comme je le voudrais.
Chez Renovate Switzerland, nous voulons mobiliser 1% de la population pour de la résistance civile.
Renovate Switzerland assure qu'il n'y aurait pas de blocages ou d'actions de collage dans l'immédiat. Vous allez néanmoins procéder à des marches. Pourquoi avoir choisi cette autre forme de protestation?
Nous voulons essayer quelque chose de nouveau. Une marche lente crée une autre image, elle attire aussi d'autres participants. Cela nous permet de mobiliser beaucoup de monde, voire de nouveaux citoyens. Cela ne veut toutefois pas dire que nous allons arrêter les actions de collage.
Votre forte présence médiatique ces derniers mois pourrait-elle vous aider à mobiliser du monde?
C'est bien possible. On dit que all press is good press. Cependant, il n'était peut-être pas optimal que les médias se concentrent autant sur mon voyage et non sur le lien entre la météo estivale et la crise climatique.
Si tout le monde était parfait dans le mouvement climatique, nous serions dix végétaliens à vivre en haut du Jura. Des gens me disent souvent: «Je vous soutiens, mais je conduis encore une voiture ou je mange de la viande». Je réponds que nous ne pouvons pas être parfaits. Nous n'avons pas toutes les solutions, mais nous devons agir.
Vous évoquez régulièrement la pression qui pèse sur les individus.
Nous devons absolument nous en débarrasser. En tant que collectif, en tant que société, nous devrions faire bouger les choses sur le plan politique. C'est pour cela que j'ai rejoint Renovate Switzerland. Avant cela, j'ai tout essayé. Je ne prenais pas l'avion, je me nourrissais de manière végétalienne, j'organisais des événements, je mettais en œuvre des projets durables dans une entreprise, je participais à des manifestations. Mais j'ai constaté que personne ne m'écoutait.
Le fait que des élections législatives aient lieu cet automne en Suisse est-il pertinent pour Renovate Switzerland?
La marche lente est un symbole qui montre à quel point les choses avancent lentement en politique. Nous élisons des politiciens pour qu'ils agissent – sur une base scientifique – dans notre intérêt. Il ne faut pas uniquement se contenter de discuter. La revendication de Renovate Switzerland de présenter un plan pour que toutes les maisons en Suisse soient rénovées d'ici 2030 pour réduire les émissions de CO2 doit être prise en compte dès maintenant.
Une question sur le jugement, vous devez payer 4300 francs (amende et frais de justice). Est-ce que vous allez payer vous-même ou est-ce que Renovate Switzerland va payer?
Non, je paie cette somme moi-même.
Travaillez-vous actuellement principalement pour Renovate Switzerland ou exercez-vous un autre métier?
Je travaille principalement pour Renovate Switzerland, mais je ne perçois pas de salaire. Nous avons des postes rémunérés pour les personnes qui en ont besoin ou qui ont des enfants. J'ai toutefois pu économiser de l'argent et j'espère que cela suffira encore pendant au moins un an. J'ai toutefois également d'autres petits projets dans le cadre du mouvement climatique.
Êtes-vous confiant quant à l'avenir du climat?
J'ai de l'espoir. Mais quand je vois ce que fait la politique, rien qu'en regardant cet été en Suisse, avec deux vagues de chaleur, des incendies de forêt, des sécheresses, il m'arrive de paniquer. Je n'ai pas confiance dans le Parlement. Cela n'est pas dirigé contre des parlementaires individuels, c'est l'ensemble du Parlement et de la Confédération qui doivent agir.
Je ne vois rien de tel pour le moment. J'espère que je me trompe et qu'il se passera quelque chose après les élections d'octobre. Chez Renovate Switzerland, nous voulons mobiliser 1% de la population afin de pouvoir faire pression sur les politiques.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci