Le débat est ouvert: une figure publique qui défend ardemment une cause – ici, la protection du climat – se doit-elle d'être exemplaire? Ou a-t-elle le droit à l'erreur? En juin dernier, Max Voegtli, porte-parole de Renovate Switzerland a été aperçu à l'aéroport de Zurich. Il partait deux mois au Mexique.
Une destination et un moyen de transport qui ont suscité de vives réactions et critiques, surtout outre-Sarine. De nombreux internautes lui ont reproché son double discours:
Certains ont toutefois pris sa défense:
Deux mois plus tard, mardi 29 août, l'activiste de 30 ans rentre de voyage pour comparaître devant le tribunal d'arrondissement de Zurich. Il écope d'une peine avec sursis de 60 jours-amende à 30 francs (1800 francs) pour s'être collé la main sur un trottoir et un tableau exposé à la Kunsthaus. Ce procès a été l'occasion de raviver les critiques sur ce fameux voyage.
«Ces personnes doivent garder à l'esprit que chaque action faite en privé est un message public. Le comportement doit être cohérent avec ce qui est défendu», analyse l'expert en communication Marco Battaglia. Il souligne que le risque si on dérape est d'être taxé d'hypocrite, en particulier lorsqu'on demande aux gens de changer leurs comportement comme c'est le cas de Renovate Switzerland. Pour rappel, l'organisation réclame à la population la réduction de ses émissions de CO2.
Le consultant reconnaît qu'être irréprochable est difficile. Mais c'est le jeu lorsqu'on est au cœur de la scène médiatique. Marco Battaglia cite en exemple le voyage effectué par Greta Thunberg, en 2019, de l'Angleterre à New York, à bord d'un voilier zéro carbone. Certes, il faut avoir le temps et les ressources nécessaires pour entreprendre un tel déplacement.
En effet, à l'ère du numérique, une photo est si vite partagée et un lynchage public si vite arrivé. Dans cette affaire, c'est un voyageur qui a envoyé un cliché du militant au média Blick. Max Voegtli n'a pas échappé à cette règle impitoyable, mais a voulu se justifier sur LinkedIn:
Marco Battaglia décrypte la stratégie défensive utilisée par le militant climatique: «Il essaie de se protéger et de diminuer l'impact de son action en critiquant l'ampleur médiatique qui a selon lui pris de trop grandes proportions.»
Il rappelle également que le porte-parole de Renovate Switzerland est jeune et manque probablement d'expérience. Il fait face à sa première situation de crise sous le feu des projecteurs. Des scénarios qui ne seraient pas faciles à gérer pour un expert et encore moins pour quelqu'un qui ne l'est pas.
Cet événement causera-t-il un réel dommage d'image à Renovate Switzerland et à son porte-parole? «Pas forcément», selon Marco Battaglia. Certes, le mouvement sera un peu décrédibilisé pendant un certain temps. Mais d'après l'expert, cela ne change en rien le cœur du combat. Et il ne s'agit pas de la première organisation qui doit gérer un scandale.