Mardi, le Conseil fédéral a mis en consultation de nouvelles mesures sanitaires. Le gouvernement envisage notamment d'étendre l'obligation du port du masque aux lieux clos, là où le certificat Covid est déjà exigé. La Confédération a également mis à jour sa liste des pays à risques. Conséquence: les voyageurs rentrant en Suisse doivent se placer en quarantaine et se soumettre à deux tests. Y compris les personnes vaccinées.
Qu'elles soient déjà en vigueur ou pas, ces nouvelles restrictions ne font pas la différence entre vaccinés et non-vaccinés. Elles sont imposées à tous, sans distinction. Ce qui veut dire que la vaccination ne garantit plus aucun avantage, ou risque de ne plus le garantir à la prochaine tournée de mesures.
Certes, cette situation peut frustrer ceux qui sont passés par la case piqûre, mais le vrai problème est ailleurs. Avec cette stratégie, le Conseil fédéral se tire une balle dans le pied. Et ce, pour deux raisons.
D'abord, les autorités continuent de vendre la vaccination et le certificat comme le chemin le plus rapide vers une vie normale. «Le certificat Covid nous a permis de retrouver une certaine liberté», disait récemment le ministre de la santé Alain Berset dans une interview accordée à 24 heures. Peut-on toujours l'affirmer si le port du masque revient hanter les bars et les cinémas?
Deuxièmement, et c'est le plus important, en imposant des mesures qui s'appliquent à tous, le gouvernement risque de décourager ceux qui hésitent encore. Pourquoi franchir le pas si, au final, il faut toujours continuer de porter le masque et, dans certains cas, se faire tester? D'autant que l'objectif des autorités n'a pas changé: augmenter le taux de vaccination en Suisse. «Faites-vous vacciner», répètent en boucle politiques et experts depuis des mois.
Loin de nous l'idée de prendre au piège le Conseil fédéral en mettant en lumière ses contradictions par pure provocation. Encore moins de dénoncer les nouvelles mesures ou même de s'indigner parce que les personnes vaccinées ne sont pas récompensées.
Les cas augmentent à une vitesse vertigineuse, les hospitalisations suivent, et un nouveau variant pourrait empirer les choses. Le gouvernement réagit donc à une situation objectivement défavorable. Et, en regardant autour de nous, ces restrictions semblent inévitables. Mais, comme le veut l'adage, on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs. Vouloir ne froisser personne n'a jamais été la meilleure arme pour affirmer son leadership. Le Conseil fédéral va donc devoir très vite se résoudre à sanctionner une partie de sa population, s'il veut un jour sortir la Suisse de la pandémie.