Suisse
Commentaire

Interdire les symboles nazis? La Suisse a la flemme

Interdire les symboles nazis? La Suisse a la flemme
L'interdiction des symboles et des signes extrémistes semble «compliqué» à mettre en place, selon un rapport de l'Office fédéral de la justice.keystone
Commentaire

Interdire les symboles nazis? La Suisse a la flemme

L'interdiction des symboles et des signes extrémistes semble «compliqué» à mettre en place, selon un rapport de l'Office fédéral de la justice (OFJ), dévoilé jeudi. Vladimir Poutine, Kanye West et puis cette déferlante de références nazies dans les mouvements anti-vaccins en Suisse n'y changeront rien. Cette espèce de banalisation nourrie par l'Etat est peu encourageante.
16.12.2022, 16:5617.12.2022, 11:37
Suivez-moi
Plus de «Suisse»

«Bah, on sait bien qu'ils n'ont pas dans l'idée d'exterminer des millions de juifs. On ne va pas chambouler tout le Code pénal pour un ou deux connards incultes.» C'est un peu le sentiment qui s'invite dans les veines après la lecture de ce rapport, dévoilé jeudi par l'Office fédéral de la justice (OFJ). Les saluts et symboles nazis, c'est pas super, mais ça reste trop «compliqué» à interdire. Flemme!

Voilà, en substance, la conclusion du boulot commandité par Karin Keller-Sutter, herself. Il y a quelques mois, la conseillère fédérale avait d'ailleurs déclaré que «le gouvernement ne ferme pas les yeux». Il semblerait aussi que l'article 261bis du code pénal fasse déjà bien le boulot, niveau norme pénale antiraciste. Circulez, il n'y a rien à voir?

Condamnation impossible

Souvenez-vous, il y a dix ans, un nazillon condamné pour avoir tendu le bras droit au Grütli (UR), avait finalement été acquitté par le Tribunal fédéral. L'énergumène ne faisait «que montrer sa position d'extrême droite». En septembre 2021, idem: un bras vise fermement le ciel pour grogner contre les mesures anti-Covid à Berne? Après une ordonnance pénale du Ministère public pour «conduite inconvenante», le bonhomme fait opposition et remporte à la bataille.

Comprenez: ces gestes n'abritent aucune véritable arrière-pensée pouvant s'apparenter à une quelconque volonté de prosélytisme.

En 2016, les CFF ont décidé de retirer cette affiche visant l'UDC des gares de Genève et de Zurich, après un tsunami de plaintes des voyageurs.
En 2016, les CFF ont décidé de retirer cette affiche visant l'UDC des gares de Genève et de Zurich, après un tsunami de plaintes des voyageurs.

En Suisse, pour rappel, un symbole nazi n'est pas puni par la loi, mais son usage à des fins de propagande le devient.

On chipote? Absolument.

Propagande ou simple expression d'une opinion personnelle?

Image

Chez nous, comme dans le reste du monde, la pandémie a redonné un bon coup de peps à l'idéologie nazie, comparant l'obligation vaccinale et les différents confinements au troisième Reich. Le point Godwin s'est donc largement propagé dans les manifestations, comme sur les réseaux sociaux, pour épingler violemment ce qui était considéré comme une «dictature sanitaire».

De là à faire de la vaccination un camp de travail nazi? «Impfen macht frei» (le vaccin rend libre), étoiles jaunes détournées, chefs d'Etat grimés en Führer, les déclinaisons furent sans fin pendant deux longues années dans les milieux extrémistes. Plus concrètement, en Suisse, les incidents antisémites ont emprunté un ascenseur supersonique en 2021.

Une fois vidé de sa substance, un geste n'est effectivement plus qu'un geste

Bien sûr, les premiers à lacérer la signification réelle des symboles nazis sont ceux qui les utilisent. Pour frapper vite et bien, il n'y a pas mieux que d'invoquer Adolf Hitler si l'on veut condamner une politique fédérale que l'on considère extrême.

Provocation gratuite, éducation laconique, bêtise, les excuses ne manquent pas, depuis au moins 20 ans, pour tolérer (il n'y a pas d'autre verbe) ces gestes et symboles dans notre pays. De nombreuses voix tentent régulièrement d'enfermer définitivement les représentations nazies à double tour. Sans succès.

Le temps qui passe fait aussi des ravages dans l'exercice de mémoire. Mais que ce soit l'Etat qui se charge officiellement de dégonfler la portée d'un salut hitlérien, simplement parce que c'est «compliqué» de faire autrement, n'est pas un signe encourageant. Comme le disait très justement Jean Birnbaum, éditorialiste au Monde, durant la pandémie:

«Si tout est la Shoah, la Shoah n'est plus rien»

L'Office fédéral de la justice a beau tourner la problématique dans tous les sens, affirmer que c'est insoluble, botter en touche, il n'en demeure pas moins que l'époque, chaque jour plus violente, n'aspire pas vraiment à un festival de tergiversations administratives en haut lieu.

Réelle propagande ou simple envie d'affirmer ses préférences extrêmes en public, un tatouage renvoyant frontalement à l'Holocauste n'aura jamais la même portée qu'un petit dauphin sur la cheville.

Copin comme cochon: la raclette party
Video: watson
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
Une cascade de scandales éclabousse Genève
De multiples affaires secouent le bout du Léman. Surfacturations aux Services industriels et embauche des beaux-fils du patron. Scandale à la Ville. La campagne des municipales 2025 démarre fort.

Des affaires de népotisme à répétition empoisonnent le climat politique genevois. Népotisme? Le fait de favoriser des membres de sa famille et des proches dans des procédures de nomination. La chaîne locale Léman Bleu a mis le feu aux canalisations en révélant lundi deux nouvelles embauches problématiques. Les Services industriels de Genève (SIG) ont engagé les deux fils de l’épouse du directeur général Christian Brunier, les beaux-fils de ce dernier, donc.

L’article