Pas de billet à neuf euros, cet été, en Suisse. Mardi, la proposition du socialiste Matthias Aebischer, qui consistait à importer une (bonne) trouvaille allemande, a été rangée fissa sous le siège de la ministre Simonetta Sommaruga. Ça n'a surpris personne, pas même Matthias Aebischer. Rendre les transports publics rapidement plus attractifs et réanimer le pouvoir d'achat des citoyens sans faire planter l'urgence climatique sur les freins, aurait été une mesure un poil trop efficace pour les lourds essieux fédéraux.
Le hic, c'est que pour contrer cette locomotive de sésames dégriffés, Berne a blindé le wagon d'arguments au rabais. Au lieu de simplement invoquer le poids d'un tel bazar sympathique sur le budget de la Confédération.
L'effroyable succès annoncé d'une telle mesure semble avoir donné des sueurs froides au Conseil fédéral. Un rapide coup d'œil post-Pentecôte en Allemagne a manifestement nourri le gros de cette panique fédérale:
Le département des Transports craignait plus que tout un «dégât d'image» pour les CFF et la fuite des pendulaires par l'autoroute, si les rames se retrouvaient soudain prises d'assaut. Il suffisait pourtant de se faufiler entre deux costards comprimés par la moiteur de l'aube ou de guigner par le trou de Tolochenaz pour se rendre compte que les CFF n'ont pas franchement attendu cette accélération socialiste pour, froisser leur popularité.
Cet été, les tarifs resteront dissuasifs, les pendulaires continueront de penduler sous une clim' en panne, les touristes prendront cher et les Suisses l'avion. Sauf qu'on aurait pu, l'espace d'un été post-Covid et pré-récession, conserver ces conditions de voyage exécrables, mais à un prix défiant toute concurrence.
Si on a toujours eu toutes les peines du monde à digérer le succès, cette naïve tentative d'adoucir le train-train caniculaire des citoyens nous aura au moins appris une chose: en Suisse, même s'entasser comme des bestiaux doit rester un luxe.