Lors de sa conférence «Les beaux jours du complotisme» samedi au Palais de Rumine, le neuroscientifique Sebastian Dieguez a-t-il eu le nez trop dans le guidon du complotisme? Ou les organisateurs ont-ils manqué de tact en ne l'avertissant pas au préalable de leur farce matérialisée par la présence d'un pseudo troll déguisé en gorille vert?
Lors de ma session consacrée aux réseaux sociaux, un type déguisé en gorille vert fait son apparition. Je regarde autour de moi, tout le monde semble perplexe et amusé, mais pas de réaction ou d’explication. 3
— Sebastian Dieguez (@twieguez) October 30, 2021
Une évidence s'impose: le chercheur au Laboratoire des Sciences Cognitives et Neurologiques de l'Université de Fribourg a été perturbé et apeuré par la présence encombrante du gorille vert lors de ce samedi d'Halloween. Entre le conférencier mal à l'aise et le figurant zélé ayant peut-être poussé le bouchon trop loin, la tension n'a fait que croître au fil des minutes.
Je lui demande ce qu’il veut, il me fait signe de lui donner l’exemplaire de notre livre, que je venais de montrer fièrement au public. Je lui demande pourquoi, qu’est-ce qu’il compte en faire. Il mime qu’il veut se torcher le cul avec. 7
— Sebastian Dieguez (@twieguez) October 30, 2021
C’est un type barbu avec les cheveux noirs en catogan. J’apprendrai plus tard que c’est un étudiant de la Manufacture, l’école des arts de la scène. Pendant que je tirais sur son masque, il m’a frappé d’un violent coup de poing aux parties. Ensuite il m’a copieusement insulté. 19
— Sebastian Dieguez (@twieguez) October 30, 2021
Président de Disputons-nous, l'association ayant organisé les débats, Charles Kleiber «regrette profondément la tournure des événements».
Loin de se laisser décourager par l'altercation, le président de Disputons-nous estime que le déroulement des faits démontre «l'urgence d'installer un débat et de discuter malgré le climat de peur et de haine qui prévaut». Modérateur de la conférence, Eduardo Sanchez aussi fait profil bas. «J'ai fait mon mea culpa dès la fin de la conférence. Les intervenants auraient dû être avertis. Quand on organise une conférence sur le complotisme, il faut faire très attention et manier les choses avec doigté», a-t-il préconisé.
J’examine son costume, avec l’idée qu’il y cache peut-être quelque chose. J’ai peur. Et puis il s’en va, comme ça, il traverse la salle et sort par la porte du fond. Je termine, on m’applaudis, mais je pense uniquement à le rattraper. Je veux à tout prix l’identifier. 13
— Sebastian Dieguez (@twieguez) October 30, 2021
Contacté par watson, Sebastian Dieguez ne cache pas son agacement. «Je n’ai toujours pas reçu d’excuses ou d’explications satisfaisantes. L’organisation tente de minimiser les faits, donc de me faire passer pour un type pénible, émotif et sans humour», a déclaré l'auteur de Total bullshit.
L'universitaire se dit convaincu que l'étudiant voulait saboter les débats. «Quand j’ai réussi à lui enlever son masque, toujours sans recevoir d’explication et après m’avoir frappé pour m’en empêcher, il a dit que j’étais un guignol, que je disais n’importe quoi, que je ne connaissais rien à la haine. C’est un peu trop pour un simple malentendu. Je considère qu’il a délibérément choisi de pourrir ma conférence. Il était censé jouer du saxophone, mais je n’ai pas vu le moindre saxophone».
On m'a beaucoup reproché la "liberté d'importuner" mais alors le dérangement "avec amour", c'est un sacré concept 🙈 pic.twitter.com/NmU0S7uAoR
— peggy sastre (@nikitakarachoi) October 31, 2021
Contacté, l'étudiant en musique n'a pas souhaité s'exprimer par peur des conséquences de cette affaire sur sa future carrière professionnelle. Selon nos informations, à la fin des débats, très en colère, Sebastian Dieguez s'est dirigé vers le gorille et l'a invectivé. Des gros mots ont fusé de part et d'autre. Ensuite, la violence physique a pris le relais de la violence verbale. Dans sa tentative de vouloir démasquer coûte que coûte le perturbateur, l'universitaire aurait reçu un coup dans les joyeuses. La série de conférences «Sur les chemins de la haine» a bien porté son nom. Jusqu'au bout.