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Comment les complotistes Covid alimentent l'antisémitisme

Covid-19: Comment les complotistes alimentent l'antisémitisme
Des manifestants contre les mesures sanitaires, le 20 février 2021 à Wohlen (AG).

Comment les complotistes Covid alimentent l'antisémitisme en Suisse

De plus en plus d'incidents antisémites sont enregistrés, notamment en ligne. Raison de l'augmentation? Une partie des opposants aux mesures imposées durant la pandémie alimentent désormais des théories du complot antisémites. La guerre en Ukraine a notamment fait office d'élément déclencheur.
06.03.2023, 06:2206.03.2023, 07:36
Christoph Bernet / ch media
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En 2022, le nombre d'incidents antisémites a de nouveau augmenté. 910 incidents ont été enregistrés l'an dernier (contre 859 en 2021) en Suisse. C'est ce qui ressort du rapport sur l'antisémitisme publié mardi 28 février par la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) et la Fondation contre le racisme et l'antisémitisme (GRA).

Une hausse principalement due à l'augmentation des incidents en ligne. En effet, le nombre d'incidents antisémites dans le monde réel n'a que légèrement augmenté, passant de 53 à 57. Il s'agit notamment de graffitis, d'insultes ou de courriers.

L'émergence d'une nouvelle sous-culture

La FSCI et la GRA observent l'émergence d'une nouvelle «sous-culture explicitement hostile à l'Etat et à la société». Celle-ci s'est développée à partir de l'opposition aux mesures sanitaires imposées durant la pandémie, et est «carrément obsédée par les théories du complot en tout genre», peut-on lire dans l'avant-propos du rapport. Les trois quarts des 853 incidents antisémites recensés en ligne sont imputables à cette sous-culture.

«Il y a toujours eu dans la population des personnes ayant des affinités avec les théories du complot», explique Jonathan Kreutner, secrétaire général de la FSCI. Pendant la pandémie de Covid-19, ces cercles se sont réunis en groupes et ont échangé leurs points de vue dans un cadre de plus en plus fermé, de préférence dans des groupes de discussion sur l'application Telegram. Les faits auraient joué un rôle de moins en moins important au fil du temps et ils se seraient de plus en plus construit leur propre réalité.

onathan Kreutner, secrétaire général de la FSCI.
onathan Kreutner, secrétaire général de la FSCI.

Une véritable sous-culture est née, dans laquelle les théories du complot n'apparaissent plus de manière isolée, mais marquent toute la vision du monde.

«La pandémie a agi ici comme un accélérateur»
Jonathan Kreutner, secrétaire général de la FSCI.

Théories du complot et antisémitisme

Contrairement à ce qu'espérait la FSCI, la diffusion des théories du complot antisémites n'a pas diminué avec la fin des mesures contre la pandémie, affirme Jonathan Kreutner. Au contraire: avec la guerre en Ukraine, le fonds de théories antisémites s'est encore accru au sein de cette sous-culture.

Qu'il s'agisse de l'État profond, des sionistes, des Rothschild ou du peuple d'origine turque des Khazars, qui s'est installé il y a des siècles sur le territoire actuel de l'Ukraine et s'est partiellement converti au judaïsme: «au cœur de toutes ces théories, il y a une lutte du bien contre le mal, dans laquelle une petite élite tente de déstabiliser le monde», explique Jonathan Kreutner. Et cette élite, qui serait responsable de la pandémie ou de la guerre en Ukraine, serait, dans la majorité des théories du complot, les juifs:

«Une part non négligeable de la réalité de cette sous-culture repose sur des idées antisémites»
Jonathan Kreutner

Un risque de radicalisation

Le fait que les incidents antisémites n'aient pas de déclencheurs clairs, contrairement à ce qui se passait auparavant, en est la preuve. Auparavant, des événements concrets — tels que les tensions dans le conflit du Proche-Orient — étaient à l'origine d'une accumulation d'incidents antisémites. «Aujourd'hui, avec la pandémie et la guerre en Ukraine, nous avons deux déclencheurs latents qui assurent en permanence la diffusion de théories du complot et de déclarations antisémites dans cette nouvelle sous-culture».

Selon Jonathan Kreutner, les attentats de Christchurch, Pittsburgh ou Hanau ont montré le danger que peuvent représenter de telles sous-cultures: «Il existe un risque que certains de leurs membres se radicalisent et commettent des actes de violence dans le monde réel». Le Service de renseignement de la Confédération (SRC) met également en garde contre ce risque.

La Fédération suisse des communautés israélites et la Fondation contre le racisme et l'antisémitisme demandent plus de soutien de la part de la Confédération pour les projets d'observation, d'analyse et de prévention de la société civile.

En outre, il faudrait examiner des moyens juridiques supplémentaires pour observer et poursuivre les discours de haine antisémite et les théories du complot sur Internet. Les plateformes de réseaux sociaux, en particulier Telegram, ont également un devoir à cet égard. «En tant qu'organisations de la société civile aux moyens limités, nous ne pouvons pas veiller à ce qu'Internet ne soit pas une zone de non-droit», déclare Jonathan Kreutner:

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