L'année dernière, le trafic a été bloqué pendant près de 40 000 heures sur les autoroutes suisses. Un record, comme l'a indiqué mardi l'Office fédéral des routes. Et les prévisions de la Confédération dressent également un sombre tableau pour les années à venir: d'ici 2040, plus de 450 kilomètres du réseau autoroutier seront «régulièrement surchargés» si rien n'est entrepris pour lutter contre la hausse du trafic. C'est surtout dans les grandes villes et les agglomérations que les experts de la Confédération s'attendent à de «graves goulots d'étranglement».
La manière de faire face à ces engorgements fait l'objet de nombreux débats, comme cela a été le cas mardi au Conseil national. Le Conseil fédéral veut investir près de 8,8 milliards de francs dans l'entretien et l'exploitation des autoroutes existantes entre 2024 et 2027. Alors que cette partie du projet est plutôt incontestée au Conseil national, l'étape d'aménagement prévue a suscité nettement plus de discussions.
Le Conseil fédéral prévoit des «augmentations de capacité» à cinq endroits:
En ce qui concerne la Suisse romande, la commission consultative a également inclus l'élargissement de l'A1 entre Le Vengeron et Nyon. Plus de cinq milliards de francs sont prévus pour les cinq projets.
La Confédération doit-elle débloquer autant d'argent pour un moyen de transport qui, selon l'ancien professeur de l'ETHZ Matthias Finger, est considéré comme «inefficace»? Car rappelons qu’une voiture n'est occupée en moyenne que par 1,6 personne et reste stationnée la majeure partie de la journée.
Non, estime une minorité des Vert'libéraux, le Parti socialiste (PS) et les Verts. Le conseiller national Michael Töngi (Verts/LU) a rappelé lors du débat qu'il ne fallait pas «rendre la conduite automobile plus attrayante, mais éviter ou transférer le trafic», par exemple sur le chemin de fer.
Le projet est «complètement dépassé», a ajouté sa collègue de parti de Bâle-Campagne Florence Brenzikofer. Il est en totale contradiction avec les objectifs climatiques et de biodiversité que la Suisse s'est engagée à atteindre. Matthias Aebischer (PS/BE) approuve: «plus de voies, plus de béton et plus d'asphalte» ne sont pas dans l'intérêt du pays.
Ce à quoi le chef du département des transports Albert Rösti (UDC) a rétorqué. Selon lui, la population, l'économie et, en fin de compte, la prospérité du pays dépendent d'une infrastructure qui fonctionne. Il ne s'agit pas «d'opposer la route au rail», a déclaré le conseiller fédéral.
La majorité bourgeoise du Conseil national s'est ralliée à lui. Le réseau des routes nationales ne représente que 3% de l'ensemble du réseau routier, mais il gère 40% du trafic. Le chef du groupe parlementaire du centre, Philipp Bregy, a parlé d'une «discussion idéologique». Pour garantir la mobilité pour tous, il faut à la fois développer les transports publics et les routes.
Lors du vote, le Conseil national a suivi la commission consultative par 105 voix contre 82. A la grande satisfaction du TCS et de l'Association suisse des transports routiers (Astag), qui approuvent l'extension prévue.
L'Association Transports et Environnement (ATE), orientée politiquement vers la gauche, met en garde contre les conséquences d'un tel projet.
A cela s'ajoute la perte de terres cultivables qui accompagne l'extension des routes nationales. Pour Blumer, il est donc clair que «si le Conseil des Etats approuve lui aussi ce concept surdimensionné, nous lancerons un référendum.»
Les Verts ont également déjà annoncé qu'ils soutiendraient un éventuel référendum. Si celui-ci aboutit, le peuple pourra se prononcer pour la première fois sur une étape concrète d'aménagement autoroutier de la Confédération. La votation risque donc d'être houleuse, comme le montrent déjà les débats animés au Conseil national.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder