Même si tout le monde assure ne jamais faire ses courses le dimanche, les magasins des gares et des aéroports sont régulièrement pleins le dernier jour de la semaine. Les «centres de transports publics» sont l'une des deux grandes exceptions à l'interdiction stricte d'employer du personnel dans les magasins le dimanche.
La deuxième exception concerne les lieux touristiques. Dans les communes où «le tourisme est essentiel et soumis à d'importantes variations saisonnières», les magasins peuvent employer du personnel le dimanche pendant la saison. Jusqu'à présent, seules les régions de montagne bénéficient de cette mesure.
Un situation qui dérange certains cantons, en particulier Zurich, Lucerne, le Tessin et Genève. En 2021, ils ont lancé un appel au Conseil fédéral pour qu'il adapte la loi. D'après eux, les entreprises situées dans les «quartiers touristiques importants des villes et des grandes localités» qui connaissent «une fréquentation touristique considérable» devraient également pouvoir profiter de la dérogation.
En effet, la réglementation actuelle ne tient pas compte du nombre absolu de touristes qui séjournent dans une ville. Les deux principales destinations touristiques de Suisse en termes de nuitées, Zurich et Genève, ne peuvent donc pas ouvrir les dimanches.
Le conseiller fédéral Guy Parmelin et son Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) sont favorables à l'idée sur le principe. Depuis quelques mois, le Seco mène des discussions avec les partenaires sociaux et ne souhaite pas s'exprimer sur le sujet. Il semble pourtant que les fronts se soient durcis. Le syndicat Unia ne donne aucune information sur les affaires en cours. Sa porte-parole Elisabeth Fannin précise toutefois:
Selon Unia, travailler le dimanche engendrerait plus de stress chez le personnel, nuirait à la santé et mettrait un frein à l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Le syndicat se dit donc «fondamentalement opposé à une extension des heures d'ouverture des magasins et à davantage de vente le dimanche». A ses yeux, il existe suffisamment de possibilités pour couvrir les besoins des régions touristiques. En outre, plusieurs tentatives dans ce domaine ont déjà échoué dans les urnes.
Une personne proche des négociations confie que celles-ci sont très difficiles. Aucun compromis n'est en vue pour l'instant et il semblerait que Guy Parmelin repousse sa décision.
Au niveau cantonal, Zurich prépare un projet de modification de la loi. L'objectif du texte est de permettre aux magasins situés dans des «centres touristiques attractifs» d'ouvrir le dimanche. La vieille ville de Zurich, la Bahnhofstrasse et l'Europaallee sont visées. Le projet n'a pas pour objectif d'étendre l'ouverture dominicale à l'ensemble du canton, précise le rapport.
A Genève, ce sont la rue du Rhône et la rue du Marché qui pourraient bénéficier d'un changement dans la législation fédérale. Il en va de même à Locarno avec la Piazza Grande et à Berne avec la vieille ville.
C'est de toute façon la Confédération qui aura le dernier mot. En Suisse, le droit du travail est du ressort de la Confédération, contrairement aux lois sur les horaires d'ouverture. Ainsi, rien ne changera réellement tant que Guy Parmelin n'aura pas créé les conditions juridiques nécessaires pour que du personnel puisse être employé le dimanche dans les zones touristiques. Mais osera-t-il affronter les syndicats?
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)