Pendant deux ans, Alain Berset a été l'épicentre de la vie politique suisse. En tant que ministre de la Santé, il a dû gérer la pandémie de Covid-19, la plus grande crise de l'histoire moderne, hormis la guerre en Ukraine évidemment. Bien que la situation soit revenue à la normale depuis le mois de mars, la vie du conseiller fédéral socialiste ne s'apparente toujours pas à un long fleuve tranquille. Retour sur quelques épisodes mouvementés.
Avant que le Covid-19 ne transforme nos vies à tout à jamais, Alain Berset a eu une liaison avec une femme qui a tenté de le faire chanter. Plusieurs médias ont porté des accusations contre lui, mais les commissions de gestion (CdG) du Conseil national et du Conseil des Etats l'ont entièrement disculpé dans un rapport présenté en juin. L'affaire n'est, toutefois, pas encore terminée.
Pratiquement en même temps que la publication du rapport, les journaux de Tamedia ont rapporté que des mails envoyés par l'ancien secrétaire général de Berset à son ex-maîtresse avaient été «apparemment effacés». La sous-commission compétente de la CdG du Conseil des Etats veut donc rouvrir le dossier et examiner cet aspect, comme l'a rapporté le Sonntagsblick.
Peter Lauener a été, pendant des années, le chef de la communication d'Alain Berset et peut-être l'homme de confiance le plus proche du Fribourgeois. Seulement voilà, il a brusquement quitté son poste début juin, soi-disant pour relever un nouveau défi. Mais depuis, les médias ont révélé que Lauener faisait l'objet d'une enquête pour des indiscrétions dans l'affaire de la société zougoise Crypto AG.
Dans sa dernière édition, le Sonntagsblick a rapporté que Peter Lauener – qui bénéficie de la présomption d'innocence – avait même passé plusieurs jours en détention provisoire à Zurich. Jusqu'à présent, rien n'indique que le conseiller fédéral soit impliqué dans cette affaire. Néanmoins, ceci d'augure rien de bon, estime le média suisse allemand.
Le dernier rebondissement en date est un vol en Cessna 182 début juillet vers la France. Jusqu'à présent, nombreux étaient ceux qui ignoraient qu'Alain Berset avait obtenu sa licence de pilote en 2009 et qu'il louait «occasionnellement un avion de sport monomoteur», selon les informations du Département fédéral de l'intérieur révélées mardi. (DFI).
En soi, cette information relève de la sphère privée. Mais le vol en question, reconstitué par la NZZ, a mal tourné. Il semblerait que le conseiller fédéral Berset a pénétré dans la zone de contrôle autour de la base aérienne d'Avord. Ce qui a engendré une rencontre quelque peu tendue avec deux avions de combat Rafale français. Parce que le pilote était un membre du gouvernement suisse, l'information a été communiquée au président français, Emmanuel Macron.
Le déroulement des opérations soulève des questions, car en cas de violation de l'espace aérien, un avertissement est d'abord émis par radio. La raison pour laquelle l'armée de l'air française est intervenue n'est pas claire. Dans sa prise de position, le DFI parle d'une «mauvaise interprétation des indications du contrôle aérien au début du vol». Mais pour la NZZ, le vol de Berset a tout pour devenir une «affaire publique».
Depuis la levée de la situation particulière en mars dernier, le Covid semble, désormais, être de l'histoire ancienne pour Alain Berset. Pourtant, la Suisse est submergée par une vague estivale. Mais l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) est épuisé après deux années difficiles, plusieurs cadres ont même été victimes d'un burnout.
La nouvelle règle veut que les cantons soient désormais responsables de la pandémie et des mesures à prendre en leur territoire. Néanmoins, la nonchalance du département de l'Intérieur est irritante, y compris sur la question d'une deuxième vaccination de rappel. L'OFSP ne la recommande qu'aux personnes de plus de 80 ans. Alors que dans l'UE, la limite d'âge est fixée depuis cette semaine à 60 ans et aux Etats-Unis, à 50 ans.
Cette accumulation tombe au mauvais moment pour le conseiller fédéral. En effet, il doit défendre deux projets lors de la votation populaire du 25 septembre: la réforme de l'AVS (y compris l'augmentation de la TVA) et l'initiative sur l'élevage intensif. Bien que cette dernière soit du ressort de l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, rattaché au DFI.
Certes, il pourra être président de la Confédération pour la deuxième fois en 2023, ce qui convient à son penchant pour les grandes entrées en scène. Mais il y a aussi quelques raisons de se retirer.
Traduit et adapté de l'allemand par sia