A une femme succède un homme. Certaines diplomates suisses ont failli s'étrangler lorsque le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis s'est présenté fin juin devant les médias du Palais fédéral avec son nouveau secrétaire d'Etat. Alexandre Fasel, actuellement représentant spécial du Conseil fédéral pour la diplomatie économique, prendra le relais de Livia Leu à partir du 1er septembre et deviendra ainsi le chef de la diplomatie suisse; il sera le numéro 2 du Département des affaires étrangères derrière Cassis.
L'empire masculin, récemment quelque peu mis sous pression par l'émergence des femmes dans la diplomatie, est-il en train de riposter? Les hommes, qui se sentaient marginalisés par des secrétaires d'Etat comme Pascale Baeriswyl ou dernièrement Livia Leu, sont-ils en train de reprendre le pouvoir?
Une sorte de guerre des sexes est en cours au sein du département des affaires étrangères. Cassis a formulé un objectif ambitieux en matière de promotion des femmes. Le «Plan d'action DFAE 2028» pour l'égalité des chances prévoit entre autres d'atteindre une proportion de femmes de 45 à 55% dans le domaine des cadres supérieurs. Sont considérés comme cadres supérieurs les classes de salaire 30 à 38, avec des salaires annuels allant actuellement de 222 000 à 397 000 francs.
En 2022, la proportion de femmes dans cette catégorie était d'à peine 27%. De gros efforts seront donc nécessaires. Dans la préface du plan d'action, le ministre des Affaires étrangères écrivait l'année dernière:
Il encourageait tout le monde à «contribuer de manière engagée et créative à la mise en œuvre réussie de ce plan d'action».
Une enquête de CH Media, auquel watson appartient, révèle que la proportion de femmes parmi les cadres supérieurs est actuellement de 28%. 25% des chefs de mission (c'est-à-dire les responsables des ambassades à l'étranger) sont des femmes; chez les ambassadeurs et ambassadrices, la proportion est d'environ 29%. Au DFAE, la part des femmes parmi les collaborateurs exerçant des fonctions dirigeantes est de 39%.
Au total, le DFAE dispose d'environ 340 postes dans les classes de salaire 30 à 38, a poursuivi le DFAE sur demande.
Selon ce rapport, environ 95 femmes occupent aujourd'hui des postes de cadres supérieurs au DFAE. Si cette valeur devait passer de 28% à 45%, 58 des 340 postes de haut niveau devraient passer du masculin au féminin d'ici cinq ans. Et si la proportion de femmes devait passer à 55%, 92 hommes devraient être remplacés par des femmes.
La direction du DFAE devra promouvoir massivement des femmes parmi les cadres supérieurs si elle veut atteindre ne serait-ce qu'une partie des objectifs.
Avec le plan d'action 2028 pour l'égalité des chances dans l'entreprise, le DFAE se fixe l'objectif de:
Le porte-parole du DFAE rappelle que Cassis se montre déjà actif dans ce domaine d'une autre manière: le 7 mars 2023, à l'initiative du chef du département, une salle de réunion du Palais fédéral ouest a été baptisée du nom de la première ambassadrice suisse, Francesca Pometta:
Des miroirs représentent les postes qui n'ont encore jamais été occupés par une femme. «Par ce geste symbolique, le DFAE veut encourager les générations futures de femmes diplomates à poursuivre leur chemin», a-t-il ajouté.
Mais les femmes ne se laisseront guère abuser par des symboles. Et la réalité est là: prochainement, les quatre postes les plus importants - conseiller fédéral, secrétaire d'Etat, secrétaire général, chef de la communication - seront tous occupés par des hommes.