Albert Rösti, le ministre en charge du Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication doit n'avoir qu'un objectif politique en ce moment: gagner la votation fédérale de juin visant à favoriser la production d'électricité indigène. Mais c'est une autre question brûlante qui vaut des menaces au magistrat UDC bernois: sa décision concernant le tir préventif du loup. L'élimination du prédateur ne fait – et de loin – pas l'unanimité, quitte à ce que ses adversaires versent dans les excès.
Sur certains poteaux, dans les rues Berne, on trouve désormais des menaces concrètes. «Ölbert Rösti à abattre préventivement!!!», peut-on lire en suisse-allemand dans le texte sur les autocollants, accompagnés du hashtag «Love wolves, hate SVP» («J'aime les loups, je déteste l'UDC»).
On y voit un loup qui serre les dents et le visage de Rösti, surmonté d'un réticule rouge. La Weltwoche a été la première à rapporter ces «fantasmes meurtriers» et en attribue la paternité aux milieux d'extrême gauche. Le terme «Ölbert» fait référence à l'époque où Rösti était président de Swissoil, l'association faîtière des négociants en combustibles en Suisse.
Dans les faits, on ne sait pas encore qui est responsable de la création de l'autocollant. Ce qui est sûr, c'est que l'Office fédéral de la police (Fedpol) est en train d'enquêter sur l'affaire. Il s'agit d'examiner si l'on est en présence d'un comportement pénalement répréhensible, qui doit éventuellement faire l'objet d'une plainte, indique un responsable. Il faut souligner que Fedpol est responsable de la protection des magistrats. Selon les circonstances, des mesures de sécurité doivent être prises.
Les délits concernés sont la violence et les menaces contre les autorités et les fonctionnaires ou l'appel au crime. Rösti lui-même a, en outre, la possibilité de déposer une plainte pour menaces. Mais cela n'a pas été fait jusqu'à présent. Franziska Ingold, responsable de la communication du Département de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (Detec), déclare:
Durant les années Covid 2020 et 2021, Fedpol a enregistré une forte augmentation des menaces contre les conseillers fédéraux, les parlementaires et autres personnes exposées de l'administration fédérale. Après la levée des mesures du Covid, le nombre d'annonces a certes diminué de plus de moitié en 2022, passant à 528.
Ce chiffre reste, toutefois, deux fois plus élevé qu'en 2019, l'année précédant la pandémie. Le ton violent des menaces préoccupe également Fedpol, comme l'indique une porte-parole. Les thèmes politiques polarisants sont parfois débattus de manière très émotionnelle et parfois sans retenue, en particulier sur les réseaux sociaux.
En 2022, le potentiel d'escalade s'est avéré si important dans 68 cas que Fedpol a sonné à la porte des auteurs de menaces pour attirer leur attention sur leur comportement potentiellement répréhensible. Il a envoyé des lettres de rappel à la frontière ou a déposé directement des plaintes pénales.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)