Vous l'ignorez peut-être, mais en Suisse, la terre tremble. Très exactement, 22 fois entre le 13 et le 19 septembre. Sauf qu'avec des secousses qui fluctuent entre 0,4 et 2,0 sur l’échelle de Richter, autant dire qu'on n’a pas senti grand-chose. Vous allez me dire que cela n'a rien à voir avec Haïti, mais attention.
Mais cela pourrait changer. La Suisse n'est pas à l'abri de tremblement retentissants et dévastateurs, comme l'a connu l'Italie en 2016. Tout le territoire est concerné, et plus particulièrement les grandes agglomérations du plateau.
«Une ville très peuplée peut être soumise à un fort risque sismique», signale Philippe Roth du Service sismologique suisse de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, interrogé par ArcInfo.
Après des années de discussions infructueuses, le Parlement s'est emparé de ce sujet remuant et votera, ce mercredi, la mise en place d'une assurance contre les séismes.
La solution proposée est une motion basée sur la solidarité, qui consiste à créer un «pot commun». Voilà le topo: les propriétaires devraient verser une seule fois, une contribution unique, calculée sur la valeur assurée de leur bâtiment.
Cité par Le Matin, Beat Rieder (Centre/VS) a calculé un exemple: une contribution de 0,7% de la valeur d’une maison. «Si celle-ci vaut 500 000 francs, le propriétaire paiera 3500 francs. Mais, uniquement en cas de séisme et non pas pendant des années», a-t-il expliqué.
Pour Christine Bulliard-Marbach (Le Centre/FR), l'une des initiantes, l’avantage de cette assurance repose sur le fait que les primes ne seraient prélevées qu'en cas de tremblement de terre: «S’il ne se passe rien, cela ne coûte rien aux propriétaires! Et, ce système évite de faire porter un fardeau à plusieurs générations.».
«Le Service sismologique suisse estime que le prochain grand tremblement de terre causera des dommages pour 10 à 120 milliards d’ici à 2050», remarque Jacqueline de Quattro (PLR/VD) dans une opinion publiée dans 24 Heures.
«La crise du coronavirus nous montre combien il est important d’être prêts en cas de catastrophe. Le dernier tremblement de terre important a eu lieu en Suisse il y a 75 ans. Il est grand temps d’anticiper le prochain», a souligné Frédéric Favre (PLR/VS).
Pour les opposants au texte, cette cagnotte collective n'est pas adaptée au problème. Selon le conseiller aux Etats Ruedi Noser (PLR/ZH), si on peut tous s'assurer individuellement, il n'est pas possible de s'assurer contre de très gros événements qui concernent tout le monde. Son collègue Martin Schmid (PLR/GR) abonde en ce sens, et constate que que «seuls les propriétaires seraient soumis à une contribution obligatoire, ce qui n'est pas correct.»
Cité par La Liberté, le PLR suggère d’autres approches: «Il n’y a pas besoin de solution nationale et centralisée. Ce sont les cantons qui sont responsables et ils peuvent promulguer des normes de construction en prévention des séismes.»
Si un séisme de magnitude 6, similaire à celui qui a frappé l'Italie en 2016, venait à se produire sur territoire helvétique, les dégâts seraient conséquents, estime Blaise Duverney, responsable mitigation des séismes à l'Office fédéral de l'environnement (Ofev), interrogé par la RTS:
Selon les estimations, un séisme de cette puissance arrive tous les 50 ans à 150 ans en Suisse. Le dernier a eu lieu en Valais en 1946.
Les tremblements de terre sont la seule catastrophe naturelle pour laquelle il n'existe encore aucune obligation de s'assurer. En Suisse, seuls 10% des propriétaires ont une assurance contre les séismes, contre 80% en France. (mbr)