Yvette Estermann occupe des niches politiques les plus conservatrices. La conseillère nationale UDC lucernoise voulait que le Parlement chante l'hymne national au début de chaque session et que celui-ci soit protégé par la loi. Les deux interventions ont échoué. Mais son projet pour affirmer la fierté helvétique a réussi: grâce à Estermann, le drapeau suisse flotte en permanence sur le Palais fédéral – lieu où elle a prêté serment comme conseillère nationale début décembre 2007. Pour l'occasion, elle s'était présentée en costume traditionnel lucernois. 👇
Estermann est née en 1967 dans un petit village près de Bratislava, dans ce qui était alors la Tchécoslovaquie d'alors. Enfant, elle aimait disséquer les grenouilles et les moineaux morts et soigner les maux de ses camarades de jeu.
Après avoir obtenu son baccalauréat avec les meilleures notes, elle a étudié la médecine générale à l'université Comenius, dans la future capitale slovaque. En 1993, elle est venue en Suisse, s'est mariée et est devenue mère. Estermann habite au Sonnenberg à Kriens. Elle prend avec calme les critiques selon lesquelles elle compenserait ses origines non confédérées par un «super-patriotisme» symbolique:
Pendant la période du Covid, Estermann s'est positionnée en déposant de nombreuses interventions critiques à l'égard de la vaccination. Ces derniers temps, elle a semblé quelque peu isolée au sein du groupe parlementaire de l'UDC. Cela ne dérange pas Estermann, qui fêtera son 56e anniversaire dimanche prochain:
Selon elle, les nombreuses manifestations de lobbying et de réseautage ne sont pas sa tasse de thé.
Aujourd'hui, Yvette Estermann, médecin de formation, annonce qu'elle quittera le Parlement fédéral à la fin de la législature. «Je ne me représenterai pas aux prochaines élections», déclare-t-elle.
Elle est heureuse de s'être engagée en son âme et conscience pendant seize ans pour défendre les intérêts de la population. Le fait qu'elle n'ait jamais accepté de mandat rémunéré est, selon elle, son plus grand succès. Elle a déclaré avoir de plus en plus de mal avec la politique polarisée, tout en sachant qu'elle fait partie d'un parti qui n'a pas la réputation d'avoir inventé le consensus.
Estermann n'a pas encore de vision claire de son avenir. Mais elle a déjà posé quelques jalons. Depuis trois ans, elle étudie à la faculté de théologie de l'université de Berne. Elle apprend l'hébreu et le grec anciens avec beaucoup d'enthousiasme et souhaite pouvoir lire la Bible dans sa langue d'origine. Elle ne sait d'ailleurs pas encore si elle veut obtenir un bachelor ou un master en théologie.
Estermann est une grande partisane de la démocratie directe. Elle était et est toujours représentée dans plus d'une douzaine de comités d'initiative.
Toutefois, les trois initiatives populaires qu'elle a elle-même lancées ont échoué dès le stade de la collecte. Ainsi, le peuple n'a jamais pu se prononcer sur la défiscalisation des rentes AVS, sur une «caisse maladie light» avec un catalogue de prestations librement choisi et limité ou sur la suppression de l'heure d'été. Elle ne regrette pas son engagement, mais a réalisé qu'il était difficile de faire aboutir une initiative populaire sans le soutien d'un parti ou d'une association. L'aspect financier n'est pas non plus à sous-estimer.
Ces échecs n'ont pas découragé Yvette Estermann. Avec sa collègue UDC Andrea Geissbühler, elle participe au comité de deux initiatives anti-avortement.
Toutefois, ces initiatives anti-avortement risquent de connaître le même sort que les trois initiatives populaires lancées précédemment par Estermann. Interrogé à ce sujet, le co-initiateur et président des Jeunes UDC David Trachsel affirme que l'on en est à «environ deux tiers» des 100 000 signatures nécessaires. Atteindre la ligne d'arrivée avant l'expiration du délai, en juin, est selon lui «un défi».
Au début, il était plus facile de convaincre les gens de signer les formulaires d'initiative, explique Trachsel. «Le débat aux Etats-Unis sur une solution fédéraliste en matière d'avortement a également mobilisé ici», dit-il. Entre-temps, la décision de la Cour suprême sur «Roe vs Wade» a largement disparu des gros titres suisses.
Les deux initiatives anti-avortement sont des projets qui tiennent à cœur à Yvette Estermann. Elle explique aussi que la collecte de signatures tarde à se concrétiser par le fait que «les femmes sous-estiment souvent les conséquences psychologiques qu'un avortement provoque».