Les questions sanitaires ne sont pas tellement l'apanage du secrétariat d'Etat à l'économie (SECO), qui se positionne rarement le premier sur ces considérations. Mais fin décembre, il a pris les choses en main: dans un document d'information qui n'a pas encore été publié officiellement, il rend les masques FFP2 obligatoires dans certaines situations de travail.
Par conséquent, certains employés devront désormais porter des masques FFP2 dans les situations à risque, lorsqu'aucune autre mesure de distanciation n'est possible. Citons par exemple:
Le SECO agit ainsi sans recommandation de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). Pour le moment, l'OFSP n'a ne s'est pas résolue à émettre une telle recommandation. Certes, il informe sur son site Internet que chacun est libre de porter un masque FFP2. Mais il ne s'agit toutefois pas d'une véritable injonction. Jusqu'à fin mars 2021, l'OFSP a même déconseillé le port de masques FFP2, tout en recommandant les masques en tissu.
L’OFSP se justifie en insistant sur le fait que la population ignore comment porter les masques FFP2 correctement. Ces derniers causeraient potentiellement plus de dommages qu'ils ne seraient utiles.
L'OFSP a déjà utilisé cette justification au début de la pandémie, au sujet des masques chirurgicaux classiques. La question était de savoir s’ils devaient être rendus obligatoires dans les transports publics et autres espaces intérieurs.
Daniel Koch, alors délégué de l’OFSP pour le Covid-19, avait alors indiqué: «La population ne peut pas se protéger efficacement avec des masques» ajoutant que la population ne savait pas comment les enfiler de manière adéquate. Cet état de fait aurait rendu toute discussion sur l'obligation de porter des masques caducs.
Même si Monsieur et Madame-Tout-le-monde ne parviennent pas à mettre le masque FFP2 correctement, il vaudrait toujours mieux qu'un masque hygiénique correctement ajusté (ou même mal ajusté, comme beaucoup le font encore aujourd'hui).
C'est la conclusion à laquelle est parvenu l'institut allemand Max Planck. Lors d'une étude en laboratoire, il a été démontré que le risque d'infection était de 4% si l'on restait 20 minutes dans un intérieur mal aéré avec un masque FFP2 mal ajusté. Il s’élevait à 10% avec un masque hygiénique. Si le masque était porté correctement, le risque était d'environ 0,1%. Sans masque, le risque d’infection grimpait à 90%.
Il faut tout de même partir du principe que dans la vie quotidienne, les probabilités d'infection sont 10 à 100 fois plus faibles qu’en laboratoire, écrivent les auteurs de l'étude.
La réticence de l'OFSP irrite. La Confédération elle-même, en tant qu'employeur, prescrit des masques FFP2. Dans l'armée, par exemple.
Sur instruction du médecin en chef de l'armée Andreas Stettbacher, le port du masque FFP2 est désormais obligatoire dans l'armée. Sont concernés:
«Le médecin en chef de l'armée a ordonné l'obligation de porter un masque FFP2 en prenant en compte la haute contagion du variant Omicron», a déclaré le porte-parole de l'armée Daniel Reist à watson. Les mesures de protection doivent être conçues de manière aussi efficace que possible afin d'éviter toute transmission.
C'est désormais un avis partagé par le SECO. Et si l'histoire est condamnée à se répéter, l'OFSP le fera peut-être aussi dans un avenir proche.
Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz