Moment de bascule, point de rupture entre le monde d'avant et le monde d'après, l'année 2020 sera à jamais associée à la pandémie de Covid-19. Bien que la crise ne soit pas encore terminée et bien qu'elle ait été bien plus meurtrière par la suite, 2020 occupe une place spéciale dans la conscience collective: c'est le moment où tout a commencé.
De nouvelles données, publiées vendredi par l'Office fédéral de la statistique (OFS), permettent d'avoir une vision plus complète de la mortalité du virus en 2020. Les résultats provisoires du rapport annuel sur les causes de décès en Suisse contiennent beaucoup d'informations sur les victimes du Covid-19 pendant la première année pandémique. Tour d'horizon.
La première chose qui saute aux yeux, c'est l'impact que la pandémie a eu sur la mortalité en Suisse. En 2020, les autorités ont signalé 76 217, contre 67 780 décès l'année précédente.
A titre de comparaison, 67 088 personnes sont décédées en 2018, 66 971 en 2017, 64 964 en 2016,... On comprend vite que le chiffre de 2020 est exceptionnel. L'écart qui le sépare des autres années est comblé par les victimes de la pandémie: selon les nouvelles données de l'OFS, 9991 personnes ont perdu la vie en 2020 avec le Covid-19.
Penchons-nous sur ces 9991 morts. Dans l'écrasante majorité des cas, le Covid-19 est indiqué comme étant la cause principale du décès. C'est le cas pour 9305 personnes, soit plus de 93% du total.
Les 686 victimes restantes souffraient également du Covid. Ce dernier n'a pourtant pas été la cause définitive de leur mort. Dans ces cas, on parle de «maladie concomitante».
9305 décès peuvent donc être directement imputés au Covid-19, mais ce dernier n'est souvent pas le seul responsable de la mort de ces personnes: 96,1% d'entre elles, à savoir 8939, souffraient d'au moins une autre maladie.
Le nombre de personnes mortes du Covid ne souffrant pas d'autres maladies se monte donc à 366 sur plus de 9000 décès au total.
De quelles maladies concomitantes souffraient ces 8939 personnes? Les données de l'OFS permettent d'y voir plus clair. Il est important de noter que les victimes pouvaient souffrir de plusieurs troubles en même temps.
On remarque tout d'abord que deux maux sortent nettement du lot: les maladies de l'appareil circulatoire et respiratoire. Plus de 70% des victimes en souffraient. Elles comprennent les cardiopathies, les maladies cérébro-vasculaires, la pneumonie et la bronchite chronique.
Environ un quart des victimes souffraient de démence (23,3%), 14% de diabète sucré et 9,4% d'une tumeur maligne.
Un autre élément sort des chiffres publiés vendredi. Ils diffèrent grandement de ceux publiés par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), qui font office de valeurs officielles et s'affichent sur le site internet de la Confédération dédié à la pandémie en Suisse.
Alors que l'OFS signale vendredi 9991 victimes pour l'année 2020, l'OFSP fait état de 7593 décès. Comment expliquer cette différence? Le deuxième se base sur le système d'annonce des cabinets médicaux et publie ses données sous la pression du temps. Les statistiques des causes de décès de l'OFS se basent pour leur part sur les données des offices d'état civil auxquels les médecins adressent les certificats de décès mentionnant les causes principales des décès et les maladies concomitantes.