Les opposants à la loi Covid sont en campagne depuis des mois. Et l’Union démocratique du centre (UDC), seul parti gouvernemental opposé au texte, leur a emboité le pas en présentant ses arguments ce vendredi. En face, le camp du «oui» est resté jusqu'à présent étonnamment silencieux, comme l'ont souligné plusieurs médias.
La situation est toutefois en train de changer: les socialistes se sont lancés jeudi soir dans la bataille, en présentant leur vision des choses et espérant ainsi réveiller ce qu’ils considèrent comme la majorité silencieuse. Le Parti socialiste (PS) est ainsi le premier «grand» parti du camp des partisans à oser franchir cette étape.
Certes, le PS a annoncé qu’il allait s’associer aux autres formations partisanes du «oui» (le Parti libéral-radical, Le Centre et les Vert-e-s). Mais il compte aussi suivre sa propre voie. Le plan: une campagne d'affichage nationale, sur laquelle le «oui» est présenté en grand, accompagnée de: «Une question de bon sens». Le texte est composé du nom des personnes qui soutiennent la campagne.
La conception de l'affiche est inhabituelle et semble entrer en contradiction avec les règles de l'art de la publicité: les couleurs criardes, les images symboliques ou les personnes heureuses (ou malheureuses) sont complètement absentes. Le «bon sens» apparaît comme le seul argument. Cela dit, le concept touche la cible: quelques heures après le lancement de la collecte de fonds, le PS a trouvé plus de 5000 personnes prêtes à donner leur nom et quelques francs à la campagne du «oui». Ce vendredi après-midi, près de 100 000 francs avaient été collectés.
Ce n’est pas une surprise pour l’expert en communication bernois Mark Balsiger.
Il reconnaît quand même les défauts d'une affiche en noir et blanc. «Dans la rue, sur les affiches rétroéclairées, il est moins visible que s’il y avait des couleurs vives. Mais la revendication, le message, est bien choisie.»
Mark Balsiger évoque aussi le choix du slogan, qui en appelle à la raison, au bon sens. Souvent utilisé par le PLR par le passé, il est pour la première fois mis dans la bouche de la gauche. «La raison a toujours été un mot central dans les campagnes référendaires en Suisse. Elle en appelle au pragmatisme des électeurs, car elle fait abstraction de l'émotion et pose la question suivante: quelle décision sera la meilleure pour la Suisse?» Avec son affiche, le PS compte donner la réponse.
Le chef du groupe parlementaire socialiste aux chambres, Roger Nordmann, abonde. «Nous ne voulons pas participer à tout ce bruyant cirque, alimenté par le camp du non à grand renfort de fausses informations. Leurs propos sont dangereux et constituent une insulte à la raison, alors que la majorité silencieuse de la population s'efforce depuis des mois de travailler à une sortie commune de cette pandémie.»
De ce fait, son parti n’est pas vraiment intéressé à discuter avec ses opposants de type «anti-vax», Roger Nordmann estimant que «le dialogue est de toute façon impossible, car les faits établis sont contestés».
Selon les premiers sondages, le camp du «oui» peut espérer obtenir une majorité lors du vote du 28 novembre. Selon les chiffres de Tamedia, seuls les électeurs de l’UDC sont prêts à glisser un non dans les urnes.