De plus en plus de jeunes Suisses ont un couteau sur eux pour «se défendre»
Un groupe de copains qui fait les 400 coups et qui tombe sur une autre bande, les esprits s'échauffent, l'embrouille commence et tout d'un coup, l'un d'eux sort un couteau de sa poche... on n'en saura pas plus en regardant la vidéo de la campagne intitulée «Ta mère ne veut pas te voir en prison», mais on peut deviner que la suite ne sera pas de bon augure👇🏽.
Qu'en est-il en Suisse romande? L'usage des couteaux dans les infractions est-il courant? Quels sont les risques et les conséquences de l'usage de ces armes tranchantes? On y répond.
Pas d'augmentation significative des infractions
Tout d'abord, commençons par le point positif, il n'y a pas d'augmentation significative des violences corporelles graves dues aux couteaux dans les cantons romands.
De plus, les polices romandes enregistrent peu de cas d'homicides par arme coupante et tranchante. Dans les cantons de Vaud et du Valais, on dénombre un seul homicide avec un couteau ou une arme tranchante, tandis que dans le canton de Fribourg, du Jura et de Genève, aucun cas n'a été répertorié pour l'année 2022.
En effet, la majorité des violences graves commises avec un couteau sont le fait de personnes majeures. Toutefois, la police fribourgeoise soulève les limites de l'outil statistique de la criminalité, qui ne représente que les infractions commises avec des couteaux et non leur possession.
Dans le canton de Fribourg, les mineurs et jeunes adultes ne commettent donc pas plus d'infractions graves avec un couteau, mais son usage et sa détention augmentent, mais comment expliquer ce phénomène?
«Pour me défendre Monsieur»
La raison principale qui est évoquée par les mineurs et les jeunes adultes (18-24 ans) c'est «la légitime défense», un argument qui ne tient pas selon les forces de l'ordre.
Pour ceux qui en doutent encore, voici ce que le Code pénal dit de la légitime défense 👇🏽.
La notion de moyens proportionnés aux circonstances est importante. A titre d'exemple, on ne peut pas argumenter que l'on a fait usage de légitime défense en blessant gravement un cambrioleur par exemple. Les mineurs ou jeunes adultes interrogés n'ont conscience, ni des dangers, ni des conséquences de leurs actes.
L'expert qui forme des agents de sécurité pour des sociétés privées remarque une «banalisation de l'usage des couteaux» par le grand public. Lors de ses cours de self-défense, il est de plus en plus confronté aux personnes s'armant d'objets tranchants.
La majorité des polices romandes interrogées expliquent que les adolescents et jeunes adultes cherchent à paraître «plus forts» en s'équipant avec des armes tranchantes et s'étonnent régulièrement qu'il y a des règles en vigueur, même pour la possession de couteaux suisses dans le cadre scolaire.
Enfin, si les adolescents ne sont pas encore convaincus des dangers de l'usage de couteaux, Patrick Carruzzo, expert en sécurité et formateur, a une méthode «choc» destinée à ses élèves. «Je leur montre des photos des blessures faites avec des couteaux et la vue des entailles parfois profondes les dissuade rapidement d'en faire usage.» On le croit sur parole.
