Cela paraît évident: comme le groupe thaïlandais de grands magasins Central Group possède déjà la moitié de la chaîne Globus, il reprendra probablement aussi l'autre moitié, qui est tombée dans le tourbillon du spéculateur immobilier en faillite René Benko. Cette intention a été annoncée il y a des mois. Depuis un rapport de l'agence Reuters, qui se réfère à des sources anonymes au sein de Central Group, les rumeurs se multiplient: la reprise serait sur le point d'être finalisée.
Le groupe suisse de grands magasins ne commente pas ces propos, qui ne doivent pas lui déplaire. Par ailleurs, le groupe a conclu un accord réjouissant avec Bâle-Ville: le canton vend à Globus pour 2,8 millions de francs une partie des biens communaux qui, avec la fermeture des arcades de la Marktplatz, doivent devenir la partie intégrée d'un quasi-nouveau bâtiment. Le canton, qui est également lié à Globus par une hypothèque via la banque cantonale, semble faire confiance à sa solvabilité.
Dans les faits, la part de René Benko dans Globus est toujours sur la sellette. L'entreprise Signa Retail Luxury Holding, qui détient les parts de l'activité opérationnelle de Globus, bénéficie depuis mi-décembre 2023 d'un sursis concordataire provisoire, limité à la fin de la semaine prochaine. D'ici là, soit une solution est trouvée, soit le délai sera prolongé par le tribunal de district de Zurich. Il en va de même pour les sociétés Signa European Invest et Signa European Invest Holding. Si les commissaires désignés estiment que la situation est sans issue, ils devront immédiatement demander la mise en faillite.
Une horde de cabinets d'avocats est désormais engagée dans le démêlage et la valorisation de l'empire Signa. Rien qu'en tant qu'administrateurs provisoires, trois équipes différentes sont engagées en Suisse. Le cabinet Weniger Vieli, qui a traité pratiquement toutes les affaires de René Benko en Suisse en tant que cabinet interne, a été dépossédé de ses pouvoirs. Désormais, de grands cabinets comme Lenz & Staehelin, Wenger Plattner ou CMS von Erlach Partners représentent les intérêts de l'entreprise.
Sur les 27 sociétés Signa que René Benko a gérées à Zurich, certaines sont en sursis concordataire, d'autres semblent ne pas du tout être inquiétées. Certaines sont liquidées en silence, d'autres sont mises en faillite. Difficile d'y voir une logique. Les responsabilités sont de plus en plus dispersées, rendant la vue d'ensemble difficile.
La situation semble encore un peu plus complexe pour les participations immobilières de René Benko, qui sont principalement structurées via le Luxembourg, indépendamment de l'activité opérationnelle des grands magasins. Au niveau de la holding, un administrateur d'assainissement autrichien propose désormais un dividende de faillite de seulement 30%, mais il a gagné du temps pour la liquidation grâce à une injection spéculative de 100 millions d'euros dans l'Europe par un investisseur britannique.
Il est difficile d'estimer ce que l'évolution autrichienne signifie pour les immeubles Globus de Zurich, Bâle et Berne. Ceux-ci sont regroupés dans la société luxembourgeoise Matterhorn Immobilien. On ne sait pas non plus si la structure parallèle mise en place en novembre 2023 avec Signa Prime Swiss Invest sera utilisée. Le conglomérat thaïlandais Central Group ne semble pas pressé de reprendre les biens immobiliers de Globus.
Traduit et adapté par Tanja Maeder