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Immeubles sans parking à Genève: cas isolés ou vraie tendance écolo?

Nouveaux immeubles sans parking à Genève: cas isolés ou vraie tendance écolo?

projet Les Maraîchers, Genève, no parkings
Aux «Maraîchers», un ensemble immobilier genevois en cours de construction, les voitures seront indésirables.Image: watson
L'Hospice général construit un ensemble de trois immeubles locatifs dans le quartier populaire de la Jonction, à Genève. Répondant aux plus hautes normes écologiques, cette réalisation en cours ne comprend pas d'emplacements pour les voitures. C’est ça, le renouveau urbain?
28.04.2021, 07:23
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De nouveaux immeubles en construction avec des places de parc pour les vélos, mais aucune trace d’emplacement pour les voitures. Le tout, à Genève! On les croyait fâchés, en réalité, ils s’adorent. En tout cas, ils collaborent. Au bout du lac, écolos et gestionnaires de parkings trouvent des terrains d’entente. C’est le cas avec le projet immobilier «Les Maraîchers», en cours de réalisation dans le quartier populaire de la Jonction.

Dans le rôle des écolos, l’Hospice général, maître d’ouvrage, rattaché au Département cantonal de l’emploi, des affaires sociales et de la santé. Dans un rôle plus ingrat, mais ô combien nécessaire, la Fondation des parkings, une structure de droit publique, qui gère 60 000 places de parc dans le canton, 30 000 en plein air, 30 000 en sous-sol, «la plus grande exploitation du genre en Suisse», précise son directeur général, Damien Zuber.

A proximité de la rue des Maraîchers, entre boulevard Carl-Vogt et boulevard Saint-Georges, pour les connaisseurs et avec l’accent local, trois immeubles satisfaisant au label vert le plus poussé dans la construction (Minergie P-Eco), accueilleront leurs premiers locataires en 2023, si le rythme des travaux est tenu. Un total de 112 appartements, aux «loyers contrôlés». Le nouvel ensemble remplacera un groupe de trois modestes immeubles, datant des années 50.

Démolition des anciens immeubles

Vidéo: watson

156 places pour les vélos, zéro pour les voitures

Originalité (parmi d’autres) de l’opération: il y aura 156 places à l'intérieur des bâtiments pour les vélos, aucune pour les voitures. La loi sur les constructions oblige pourtant les promoteurs à en aménager un certain nombre. Là, rien. Aussi l’Hospice général a-t-il passé un accord avec la Fondation des parkings. Les locataires propriétaires de voitures pourront trouver où se garer dans deux parkings souterrains situés à proximité, gérés par la fondation en question, au prix avoisinant 150 francs par mois. «Quoi qu'il en soit, ceux qui emménageront dans ces immeubles le feront en connaissance de cause», fait observer l'Hospice général.

Le trafic pendulaire privé de centre-ville depuis avril

Tiens, tiens… Toutes les places de parcs genevoises ne seraient donc pas occupées? La demande n’écraserait pas l’offre? Il faut croire que non. Damien Zuber fournit les raisons de cette vacance. «Afin de diminuer le trafic pendulaires des voitures, celui des personnes venant travailler au centre de Genève, le Conseil d’Etat genevois a pris un arrêté, entré en vigueur en avril, ce mois-ci, donc. Cet arrêté a mis fin à l’abonnement mensuel de 237 francs qui permettait aux pendulaires de bénéficier de places en ville dans les parkings appartenant à l'Etat de Genève. Désormais, ils ne peuvent plus obtenir d'abonnement et doivent payer au tarif horaire, ce qui est évidemment dissuasif», explique le directeur général de la Fondation des parkings.

Ces pendulaires ont la possibilité de se garer dans une vingtaine de parkings aménagés à la périphérie de Genève, à des tarifs allant de 90 à 170 francs par mois. Le but étant qu'ils effectuent le reste du trajet en transports publics. L'arrêté du Conseil d'Etat genevois vise à changer les comportements. Des investissement colossaux (1,6 milliard de francs, côté suisse) ont été consacrés à la construction du train Léman Express. Il s’agit de le rentabiliser.

«Béton? Le moins possible»

«Beaucoup de projets immobiliers ressembleront à l’avenir à celui des Maraîchers», table-t-on à l’Hospice général. L’objectif ici poursuivi est de déshabituer les citadins des quatre roues. Avant son élection au Conseil d’Etat, l'écologiste Fabienne Fischer confiait à watson avoir renoncé au sien en 2004 déjà. Sauf que la voiture peut aussi représenter un investissement social, notamment chez les classes populaires. Damien Zuber de la Fondation des parkings reconnaît un besoin de stationnement pour certaines catégories d'usagers et plaide à ce propos pour le maintien d'une partie des places de parcs.

«Nous aurions pu faire des immeubles en bois, sauf que le bois un matériau qui se dégrade assez rapidement dans un milieu urbain»
Fernando Lopes, architecte

Une «mobilité douce», des patios implantés en pleine terre afin de «limiter l'imperméabilisation et de maximiser la végétation», la conservation d'arbres dits «majeurs», hérités de la parcelle préexistante, doivent faire des «Maraîchers» une réussite écologique. «Cette construction va au-delà des règles usuelles actuelles», affirme le maître d'ouvrage, l'Hospice général. Les immeubles en construction contiennent du béton, «le moins possible», assure Fernando Lopes, du bureau d’architectes Lopes et Périnet-Marquet, concepteur de ce projet en association avec le bureau DL-C. L'Hospice général précise: «Béton armé pour les dalles et les porteurs intérieurs (l'usage du béton recyclé est privilégié), acier pour les porteurs en façade.»

«Nous aurions pu faire des immeubles en bois, sauf que le bois est un matériau qui se dégrade assez rapidement dans un milieu urbain», avance Fernando Lopes. «Pour limiter l’usage du béton, explique-t-il, nous recourons à la briquette, un matériau naturel, dont l’impact climatique est bien moindre que celui du béton. Enfin, nous avons autant que possible trié les débris des anciens immeubles démolis.» Bueno!

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