Sur 217 entreprises du marché élargi cotées à la Bourse de Zurich, 28% d'entre elles n'avaient «toujours aucune femme dans leur conseil d'administration», selon Ethos, la fondation créée par des caisses de pension suisses spécialisée dans l'investissement socialement responsable. Ce qui «est particulièrement choquant», a pointé le directeur de la fondation, Vincent Kaufmann, auprès d'AWP. Autre chiffre frappant: sur les 150 plus grandes sociétés du pays, seule Zurich Insurance compte plus de femmes que d'hommes dans l'organe de surveillance.
Même s'il est courant de voir des dirigeants ou d'anciens patrons siéger dans plusieurs organes, comme le rappelle Marie-Noëlle Zen-Ruffinen, professeure titulaire à l'Université de Genève (Unige), co-auteure d'un ouvrage sur le conseil d'administration, ce n'est pas ce qui empêche le nombre d'administratrices de croître. Tout en rappelant que la question se pose moins en termes de genre qu'en termes de disponibilité notamment en temps de crise, mais aussi de compatibilité et de risque de conflits d'intérêt en cas d'excès du nombre de mandats.
Vincent Kaufmann voit que «les conseils cherchent désormais des profils complémentaires, comme dans la durabilité, le numérique, les ressources humaines, où il y a notamment plus de chances de trouver des femmes». Pour la professeure à l'UNIGE, un effort de féminisation est encore à fournir dans les directions des sociétés.
Pour siéger au conseil d'une entreprise cotée, «il est toujours utile d'avoir eu une expérience de management. C'est pourquoi des femmes CEO ou CFO sont très recherchées», ajoute le directeur d'Ethos. Mais c'est faisable, selon lui, citant Romande Energie «qui est passée de zéro femmes dans sa direction générale à trois actuellement en moins de deux ans. De son côté, Actares assène que «la proportion de femmes dans les organes de direction augmente, mais malheureusement à un rythme d'escargot».
Lors des assemblées générales de 2022, Ethos va recommander de s'opposer au président du comité de nomination des sociétés si le conseil ne compte pas au moins 20% de femmes sans aucune explication crédible, suite au nouveau Code des obligations. Les critères de vote d'Actares «exigent que chaque sexe soit représenté à hauteur d'au moins 30%» tout en souhaitant une parité à 50/50.
Une porte peut aussi s'ouvrir aux femmes au moment du départ à la retraite d'administrateurs. «La limite d'âge est saine, il faut savoir céder sa place, avec un renouvellement échelonné, planifié», appuie Marie-Noëlle Zen-Ruffinen. Elle voit déjà la prochaine étape: «davantage de femmes présidentes» qui «jouent un rôle modèle et inciteront d'autres» à sauter le pas.
Parmi les 30 valeurs vedettes du Swiss Leader Index (SLI), les seules présidentes sont Wendy Becker (Logitech) et Nayla Hayek (Swatch Group). (awp/ats/mndl)