«Ils nous font chier, je vends mon restau ce soir!» C'est par ces mots que Loïc Liechti nous avait accueillis en septembre dernier quand le Conseil fédéral avait décidé d'étendre l'utilisation du certificat Covid au secteur de la restauration. Lassé des mesures et des restrictions, le Chaux-de-Fonniers avait décidé de céder son établissement Scapino, qui jouissait pourtant d'une jolie réputation au sein de la cité horlogère.
Trois mois plus tard, c'est chose presque faite. «Depuis septembre, je bosse uniquement à l'emporter. Il me reste encore la semaine prochaine et ensuite, c'est fini», explique l'entrepreneur, déjà contraint de fermer son entreprise de foodtrucks à cause de la pandémie.
Au vu de la situation, le trentenaire a aussi dû se résigner à brader son matériel: «Je le vends pour un tiers de ce que j'aurais demandé avant le Covid», regrette-t-il. Malgré cette fin en eau de boudin, celui qui avait lancé son affaire il y a six ans confie ressentir un certain soulagement à tirer la prise:
A ses yeux, le deuil était d'ailleurs déjà fait depuis plusieurs mois. «On a été jusqu'à une trentaine de personnes à travailler pour Scapino durant certains étés. Se retrouver seul, ce n'est plus du tout la même énergie.»
Que ceux qui appréciaient sa cuisine se rassurent, Loïc Liechti n'a pas définitivement lâché les fourneaux pour autant. Dès le 1er janvier, il reprendra la cantine du Lycée Blaise-Cendrars à La Chaux-de-Fonds. Un poste qui lui permettra de ne plus être dépendant des restrictions du Conseil fédéral, mais aussi de profiter d'horaires plus tranquilles:
Mais ne comptez pas sur le trentenaire pour se la couler douce pour autant. «La bouffe des cantines n'a pas très bonne réputation, donc c'est hyper cool comme challenge de faire une cantine façon Scapino.» S'il a conscience qu'il va devoir réussir à tenir un budget serré, le restaurateur a déjà mille idées et compte, notamment, revoir la décoration de l'endroit pour faire «un truc chaleureux» et acheter des produits «un peu plus respectueux, avec de vrais légumes frais et locaux».
Autre chantier, les boissons: «On va virer toutes les grandes marques comme Coca, etc.», assure-t-il. A la place, Loic Liechti souhaite proposer des limonades et thés froids maison. Un pari qu'il avait déjà fait dans son restaurant. «Au début, les gens ronchonnaient, mais finalement la majorité des clients avaient accepté le concept. On verra bien, mais je pense que ce sera pareil.»
Au moment de changer de fourneaux, le Chaux-de-Fonniers a une pensée pour ses collègues restaurateurs. «Je leur souhaite plein de courage pour traverser cette période. Malheureusement, beaucoup sont en train de perdre la passion.» Une situation qu'il a lui-même connue au cours des derniers mois: