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Le Conseil fédéral place (encore) les restaurants face à un sale dilemme

Le Conseil fédéral place (encore) les restaurants face à un sale dilemme. watson
«Ce qui est un peu vicieux de la part du Conseil fédéral, c'est qu'il fait reposer sur nous la décision d'empêcher ou non les gens d'entrer», pointe l'associé du Café Grancy à Lausanne (VD).Image: Shutterstock

Le Conseil fédéral place (encore) les bistrots face à un sale dilemme

Dès le mois de juillet, les bistrotiers auront le choix entre n'accepter que les clients munis d'un certificat Covid et retravailler normalement ou accepter tout le monde, mais continuer à respecter les mesures sanitaires. «La peste ou le choléra», selon eux.
21.05.2021, 06:1321.05.2021, 23:36
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«Il appartiendra à chaque restaurant de décider de limiter l’accès de ses clients à ceux munis d’un certificat COVID et de renoncer ainsi à son plan de protection, au port du masque ou à d’autres restrictions quantitatives.» Cette phrase, tirée du communiqué de presse du Conseil fédéral de ce mercredi, risque de donner de sacrés maux de têtes aux patrons de cafés. Classés en orange, les bistrots auront, dès le mois de juillet, le choix de réclamer ou non le certificat Covid à leurs clients.

En clair: s'ils décident de n'accepter que des personnes vaccinées, guéries ou récemment testées, les cafés-restaurants n'auront plus besoin de respecter les mesures sanitaires à l'intérieur de leur établissement.Toutes? Voilà une excellente question que nous avons posée à l'OFSP, juste après la conférence de presse, mais à laquelle les autorités n'ont pas encore répondu.

Mais la proposition fait déjà réfléchir les cafés-restaurants. «C'est clairement un avantage de ne plus avoir besoin de respecter les mesures sanitaires. La traçabilité des contacts, par exemple, c'est très lourd pour nous, on perd un temps monstre avec ça», explique Maurice Paupe, propriétaire du Café de la Poste à Saignelégier (JU).

«C'est très délicat de faire choisir le restaurateur. On risque encore une fois d'être en porte-à-faux par rapport à nos clients»
Maurice Paupe, président de Gastro Jura

Le président de Gastro Jura assure pourtant ne pas encore avoir tranché la question. «On va de toute façon se mettre des gens à dos. Combien auront le certificat, combien ne l'auront pas? Je pense qu'il est encore un peu tôt pour décider», observe-t-il, tout en précisant avoir l'intention de procéder à un petit sondage parmi ses habitués avant de se prononcer.

Associé du Café Grancy et de deux autres établissements lausannois, Christophe Roduit confirme le flou entourant la proposition du Conseil fédéral et assure ne pas avoir pris de décision pour le moment. «C'est une déresponsabilisation totale de la part de l'Etat. Ce qui est un peu vicieux de leur part, c'est qu'ils font reposer sur nous la décision d'empêcher ou non les gens d'entrer», pointe-t-il.

«Nous, on est restaurateurs, on vend des croûtes au fromage. On n'est pas médecins ou spécialistes de l'éthique»
Christophe Roduit, Café Grancy

Dans tous les cas, le chef d'entreprise sait déjà qu'il va faire des mécontents. Soit les vaccinés râleront de ne pas pouvoir retrouver une vie normale dans ses établissements, soit les non-immunisés se plaindront de ne pas pouvoir entrer. «C'est un sujet très émotionnel et nous on doit prendre une position où on va forcément se faire allumer.»

Patronne du Café du Nord à Sion, Sylvie Borella déplore, elle aussi, de se retrouver devant un tel choix. «Ils nous foutent encore dans une situation de m...», lâche-t-elle à l'encontre du choix proposé par le Conseil fédéral, en apprenant la nouvelle.

«Ceux qui ne veulent pas se faire vacciner devraient se faire tester tous les trois jours? C'est un peu du chantage»
Sylvie Borella, Café du Nord, Sion

Si elle reconnaît que son cœur balance, car elle serait heureuse de pouvoir se débarrasser des mesures sanitaires et de retravailler normalement, Sylvie Borella assure, après quelques instants de réflexion, qu'il est impensable pour elle de demander le certificat Covid à ses clients.

Président de Gastro Vaud, Gilles Meystre défend le même point de vue. «Je comprends que cela puisse tenter certains restaurateurs, mais on doit respecter notre valeur de base qui est d'accueillir tout le monde sans distinction», affirme-t-il.

«On nous laisse le choix entre la peste et le choléra»
Gilles Meystre, Gastro Vaud

Il n'est d'ailleurs pas persuadé que le certificat Covid simplifiera la vie de ceux qui l'exigeront, afin de lever les mesures à l'intérieur. «Les soucis des restaurateurs se déplaceront à l'extérieur. Est-ce qu'il faudra mettre deux gorilles devant l'entrée? Comment on réagit face à ceux qui n'acceptent pas les règles? Ça va être un bazar sans nom...»

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