Ce mercredi une porte s'est ouverte vers la légalisation du cannabis en Suisse. La Commission de la Santé publique du Conseil des Etats a soutenu un projet visant à revoir entièrement la réglementation relative à la production, au commerce et à la consommation du chanvre dans notre pays.
Même si le processus pour élaborer le futur texte de loi risque d'être encore long, l'annonce a tout d'une bonne nouvelle pour les 300 000 consommateurs helvétiques. Mais une question importante subsiste. Comment est-ce que la légalisation va influencer le prix de vente du cannabis?
Alors, à quoi doit-on s'attendre en Suisse? Aux Etats-Unis, par exemple, «une hausse des prix a aussi pu être observée à l’ouverture des marchés, mais la situation s’est depuis lors inversée et les prix ont passablement chuté», écrivait Suisse Addiction en juin dernier. Et il y a une raison à cela.
Professeur d'économie à l'Université de Fribourg (Unifr), Sergio Rossi détaille le mécanisme:
Et c'est là l'un des enjeux principaux de la future réglementation, selon Jean-Félix Savary, secrétaire général du groupement romand d'études des addictions. «Il y a un équilibre à trouver. Même si on voulait mettre des taxes très élevées, on ne pourrait pas parce que si le prix légal est trop haut, les Suisses continueront à aller au marché noir. A l'inverse, si le prix est trop bas, il y a le risque que le produit soit trop attractif», analyse-t-il tout en précisant que le lien entre hausse de la consommation et comportements problématiques n'est pas aussi direct.
A ses yeux, le prix de vente ne va donc pas être réellement modifié par la légalisation. «En revanche, ce qui changera radicalement, c'est une meilleure qualité du produit pour les consommateurs et le fait qu'ils auront des informations fiables.»
Du côté d'Addiction Suisse, Monique Portner-Helfer souligne l'importance de mettre en place des taxes sur le cannabis servant à financer la prévention, mais assure qu'il est trop tôt pour en définir le montant. «Il faut attendre le résultat des essais pilotes qui vont être menés dans différentes villes. Cela nous donnera des pistes sur le modèle de régulation que la Suisse doit adopter.»
Pionnier du chanvre dans notre pays, Bernard Rappaz se montre plus direct:
Et le Valaisan de détailler sa proposition: «Deux francs pour le producteur, deux francs pour le vendeur et deux francs pour la Confédération». Lui aussi pointe l'importance que le prix en magasin soit moins cher qu'au marché noir. A l'inverse, Bernard Rappaz milite également pour que le secteur ne soit pas noyé par une production de masse qui ferait chuter les prix. «Il faudrait que la production en Suisse soit réservée aux agriculteurs bio de montagne. On peut partager le gâteau de façon à ce que tout le monde en profite.»