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Cannabis en Suisse: combien va coûter le gramme après la légalisation?

Cannabis
Image: Shutterstock

Combien va coûter le cannabis suisse une fois légalisé?

Alors que la Suisse a franchi une nouvelle étape vers la légalisation du cannabis, une question se pose: combien coûtera le chanvre en vente libre? Entre les différentes taxes et la nécessité de concurrencer le marché noir, l'équilibre est difficile à trouver. Bernard Rappaz, lui, articule un chiffre.
21.10.2021, 05:4822.10.2021, 17:58
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Ce mercredi une porte s'est ouverte vers la légalisation du cannabis en Suisse. La Commission de la Santé publique du Conseil des Etats a soutenu un projet visant à revoir entièrement la réglementation relative à la production, au commerce et à la consommation du chanvre dans notre pays.

Même si le processus pour élaborer le futur texte de loi risque d'être encore long, l'annonce a tout d'une bonne nouvelle pour les 300 000 consommateurs helvétiques. Mais une question importante subsiste. Comment est-ce que la légalisation va influencer le prix de vente du cannabis?

«Aujourd'hui, j'achète huit francs le gramme. Ce business étatisé va sûrement rendre le produit plus cher»
Un consommateur régulier

Alors, à quoi doit-on s'attendre en Suisse? Aux Etats-Unis, par exemple, «une hausse des prix a aussi pu être observée à l’ouverture des marchés, mais la situation s’est depuis lors inversée et les prix ont passablement chuté», écrivait Suisse Addiction en juin dernier. Et il y a une raison à cela.

Professeur d'économie à l'Université de Fribourg (Unifr), Sergio Rossi détaille le mécanisme:

«A court terme, le prix pourrait augmenter parce qu'à la suite de la légalisation du cannabis, la demande sera plus forte. Mais à long terme, l'ouverture du marché va susciter des vocations. De nouveaux acteurs vont vouloir en produire et en vendre, ce qui va renforcer l'offre et faire baisser les prix»

Et c'est là l'un des enjeux principaux de la future réglementation, selon Jean-Félix Savary, secrétaire général du groupement romand d'études des addictions. «Il y a un équilibre à trouver. Même si on voulait mettre des taxes très élevées, on ne pourrait pas parce que si le prix légal est trop haut, les Suisses continueront à aller au marché noir. A l'inverse, si le prix est trop bas, il y a le risque que le produit soit trop attractif», analyse-t-il tout en précisant que le lien entre hausse de la consommation et comportements problématiques n'est pas aussi direct.

«Aux Etats-Unis, ils ont adopté des modèles très commerciaux. En Suisse, je pense que la majorité politique est contre un marché libre»
Jean-Félix Savary, secrétaire général du groupement romand d'études des addictions

A ses yeux, le prix de vente ne va donc pas être réellement modifié par la légalisation. «En revanche, ce qui changera radicalement, c'est une meilleure qualité du produit pour les consommateurs et le fait qu'ils auront des informations fiables.»

Du côté d'Addiction Suisse, Monique Portner-Helfer souligne l'importance de mettre en place des taxes sur le cannabis servant à financer la prévention, mais assure qu'il est trop tôt pour en définir le montant. «Il faut attendre le résultat des essais pilotes qui vont être menés dans différentes villes. Cela nous donnera des pistes sur le modèle de régulation que la Suisse doit adopter.»

Pionnier du chanvre dans notre pays, Bernard Rappaz se montre plus direct:

«Le prix légal correct, ce serait six francs le gramme»
Bernard Rappaz
A gauche, Bernard Rappaz, chanvrier, entoure d'un service d'ordre, arrive a la Vigne a Farinet a Saillon ce dimanche 24 fevrier 2002. Bernard Rappaz est condamne aux travaux forces sur la Vi ...
Dès les années 2000, Bernard Rappaz était un pionnier de la culture du chanvre en SuisseImage: KEYSTONE

Et le Valaisan de détailler sa proposition: «Deux francs pour le producteur, deux francs pour le vendeur et deux francs pour la Confédération». Lui aussi pointe l'importance que le prix en magasin soit moins cher qu'au marché noir. A l'inverse, Bernard Rappaz milite également pour que le secteur ne soit pas noyé par une production de masse qui ferait chuter les prix. «Il faudrait que la production en Suisse soit réservée aux agriculteurs bio de montagne. On peut partager le gâteau de façon à ce que tout le monde en profite.»

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