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élections fédérales

Ce candidat au Parlement est attaqué à cause de sa profession

Ce candidat au Conseil national se fait attaquer à cause de sa profession

Elias Erne, candidat au Conseil national des Jeunes socialistes pour les élections fédérales 2023, bénéficie de l'aide sociale.
Elias Erne, 20 ans, est candidat au Conseil national pour la Jeunesse socialiste. Image: Daniel Vizentini
En lice pour le Conseil national, Elias Erne a fait parler de lui parce qu'il a indiqué «bénéficiaire de l'aide sociale» comme profession dans les documents officiels de l'élection. Le candidat de la Jeunesse socialiste ne cherchait pas à faire de la provocation, mais voulait plutôt déstigmatiser l'aide sociale, comme il le dit. Voici son histoire.
14.10.2023, 16:3914.10.2023, 16:59
Daniel Vizentini / ch media
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A l'ère des réseaux sociaux, les choses prennent parfois une dynamique effrayante: des détails sont exploités dans la campagne électorale et une tempête de critiques se déclenche.

Elias Erne en a fait récemment l'expérience. Ce candidat de la Jeunesse socialiste, âgé de 20 ans, a indiqué sur la liste électorale qu'il était «bénéficiaire de l'aide sociale». Cela correspond à sa situation: il ne peut actuellement ni travailler ni étudier pour des raisons de santé et se trouve depuis quelques semaines en traitement à l'hôpital. Mais «bénéficiaire de l'aide sociale» reste quand même une désignation de profession inhabituelle et suscite la curiosité – et des critiques.

Vivienne Huber, candidate des Jeunes UDC, en a profité pour s'en prendre aux Jeunes socialistes. Sa publication sur le réseau social X, ex-Twitter, a été vue plus de 40 000 fois, et parmi les presque 90 commentaires, on retrouve les propos attendus tels que «pour moi, il est tout simplement une personne paresseuse» ou «inapte à la politique».

Comme d'habitude, certains oublient de réfléchir aux raisons qu'Elias Erne a pu avoir lorsqu'il a choisi de se désigner ainsi. A-t-il simplement voulu faire de la provocation? Pourrait-il assumer les responsabilités de conseiller national dans sa situation actuelle?

Pas de provocation, mais de la déstigmatisation

Ces dernières semaines, des journaux nationaux ont courtisé Elias Erne; une journaliste a même sonné à sa porte à l'improviste, chez lui à Suhr (AG). Il a consenti à une rencontre à Aarau, dans un cadre verdoyant et calme.

Sa co-candidate Zoe Sutter est là pour le soutenir. Elle est en tête de la liste électorale de la Jeunesse socialiste, alors qu'Elias Erne est en 15e et dernière position. Il dit avoir délibérément demandé cette position lorsqu'il a accepté de se porter candidat, justement parce qu'il n'est actuellement pas en bonne santé.

Il était conscient qu'il provoquerait des réactions en indiquant «bénéficiaire de l'aide sociale». Il veut déstigmatiser le sujet, dit-il. Selon les données de la Confédération, environ 3% de la population du pays bénéficie de l'aide sociale. Ces personnes sont sous-représentées en politique, regrette Elias Erne.

«Les milieux de droite, en particulier, ne cessent de s'en prendre aux gens lorsque le sujet est thématisé. C'est la lutte des classes par le haut»
Elias Erne

Elias Erne évoque les préjugés, les personnes qui ne se posent pas de questions critiques, le manque de compréhension. Il n'aime pas trop entrer dans les détails lorsqu'on l'interroge sur ses propres expériences auprès des services sociaux. Mais il souligne: «On vous fait clairement comprendre que vous êtes un quémandeur», dit-il.

«Personne ou presque n'est volontairement entré dans ce système»
Elias Erne

Engagé pour une société plus équitable

Lors de l'entretien, Elias Erne choisit ses mots avec soin et essaie d'être aussi précis que possible. Lorsqu'il parle de sujets dont il se sent sûr, il expose son point de vue de manière claire et précise. Pour ceux qu'il ne connaît pas suffisamment, il admet son ignorance et ne se prononce pas à ce sujet. Les militants de la Jeunesse socialiste le décrivent comme quelqu'un de très intelligent, qui lit beaucoup, qui partage volontiers des explications et avec qui on aime questionner le monde.

A l'école, ce sont plutôt les matières scientifiques qui étaient son point fort, comme il le raconte. Il a grandi dans le sud du canton d'Argovie et a dû abandonner le gymnase en raison de ses problèmes de santé. Il a déménagé dans la région d'Aarau, car c'est là que résident nombre de ses contacts sociaux. Il dit s'être intéressé très tôt à la politique.

A seize ans, il est devenu membre des Jeunes socialistes.

«Parce que c'est le parti qui s'engage de manière conséquente pour les personnes et la protection du climat»

Selon Elias Erne, la Jeunesse socialiste tient à ce que la protection du climat soit socialement acceptable, contrairement aux Jeunes Verts. Une protection du climat socialement acceptable signifie qu'il ne faudrait pas que ce soit principalement ceux qui ont moins d'argent qui réduisent leur consommation de viande ou leurs kilomètres parcourus en voiture. «L'accent devrait plutôt être mis sur une répartition plus juste de la propriété», dit-il.

«Lorsque la fortune est très élevée, les émissions de CO2 sont également beaucoup plus importantes»
Elias Erne

Alors que les «super-riches» sont surreprésentés au Parlement, comme il le dit, environ une personne sur cinq en Suisse ne peut pas se permettre de recevoir une facture inattendue de plus de 2500 francs – par exemple à cause des frais de santé. «La participation personnelle aux frais de maladie est à mon avis trop élevée.»

«J'ai un besoin de justice»

Erne ne craint pas l'autocritique: la gauche a commencé trop tard à s'engager pour les questions de politique du handicap, affirme-t-il. Aujourd'hui, il constate lui-même à quel point les institutions de santé sont souvent surchargées.

La protection du climat, considérée sous l'angle de la justice sociale, ainsi qu'une politique sociale équitable, sont ses principales préoccupations.

«L'objectif doit être que tout le monde s'en sorte le mieux possible»
Elias Erne

Il estime qu'une élection au Conseil national est peu probable. Il considère que le chemin qu'il parcourt est aussi un peu son but.

«Je ne peux jamais être entièrement satisfait quand je sais qu'il y a des gens qui vont mal. J'ai un besoin de justice et je veux qu'il soit satisfait.»

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

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