L'objectif de la loi climat, soumise au vote dimanche prochain, est clair: atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Pour ce faire, le Conseil fédéral et le Parlement veulent diminuer la consommation de pétrole et de gaz naturel, tout en augmentant la production indigène d’énergie.
Cela ne permettra pas seulement de verdir notre consommation d'énergie, mais également de «réduire notre dépendance de l’étranger», lit-on dans la brochure électorale. Ce deuxième point a toute son importance aux yeux de Berne, qui rappelle d'emblée que «la Suisse importe environ 75% de son énergie».
Si accepté, le contre-projet élaboré par le Parlement va considérablement changer l'économie énergétique suisse. Mais quelle est la situation actuelle? D'où vient l'énergie que nous consommons aujourd'hui? Le point en graphiques.
Une large variété de sources, appelées «agents énergétiques», sont à l'origine de l'énergie consommée dans notre pays. Plus d'un tiers du total provient du pétrole en 2021 (derniers chiffres disponibles). Suivent les combustibles nucléaires (20%), la force hydraulique (14%) et le gaz (13%).
Les énergies renouvelables (hydroélectrique exclu), ne représentent pour l'heure qu'un peu moins de 5% du total, moins que les déchets et le bois.
La part de chaque agent énergétique dans la consommation totale a changé au fil du temps. Si le pétrole a toujours occupé une place prépondérante, du moins dès de la fin des années 1960, le charbon a pratiquement disparu du tableau, alors qu'il était la source d'énergie dominante il y a un siècle.
Les deux derniers graphiques montrent la consommation brute d'énergie. Si l'on enlève l'énergie dépensée pendant les processus de transformation (pour passer du pétrole aux carburants, par exemple), on obtient la consommation effective.
Un peu moins d'un tiers de la consommation finale d'énergie, soit 30,3%, est imputable aux ménages. Les transports représentent 31,8% du total, l'industrie 19,3% et les services 17,3%.
Comme le rappelait la brochure électorale, la Suisse importe les trois quarts de l'énergie qu'elle consomme. La production locale est actuellement monopolisée par deux agents énergétiques: les centrales hydroélectriques et nucléaires, qui couvrent un peu plus du 90% du total.
On compte actuellement 682 centrales hydrauliques sur le territoire helvétique, qui abrite également 220 barrages, présentant ainsi la plus forte densité de ces ouvrages au monde. Le nombre d'installations nucléaires est beaucoup plus petit: quatre sont encore en fonction, après la mise à l'arrêt de la centrale de Mühleberg, en 2019.
La dépendance énergétique de la Suisse concerne surtout deux agents énergétiques: le pétrole et le gaz naturel, qui représentent 37 et 13% de la consommation nationale brute. Ces deux substances proviennent exclusivement de l'étranger et constituent près de 80% des importations totales.
Le pétrole brut importé en Suisse provient essentiellement de trois Etats: le Nigéria (39% du total), les Etats-Unis (32%) et la Libye (25%). Une seule raffinerie se trouve sur le territoire helvétique, à Cressier (NE). Elle couvre un quart des besoins du pays. Les produits finis sont presque exclusivement importés de l’espace européen, en premier lieu d’Allemagne.
En comparaison internationale, la Suisse se situe à peu près à l'échelle des pays voisins, avec quelque 34 000 kW/h consommés par habitant en 2021.
Si notre pays reste loin du groupe de plus gros consommateurs d'énergie, dont font partie les Etats-Unis et la Norvège, il ne se classe pas non plus parmi les pays les plus économes.