Où est-ce que l'essence est la moins chère? Cette question préoccupe les automobilistes et les motocyclistes depuis la guerre en Ukraine et, depuis que les prix des combustibles fossiles ont grimpé en flèche, elle a gagné en acuité.
Certes, la situation s'est quelque peu détendue entre-temps, mais les différences de prix pèsent encore lourd dans le porte-monnaie des Suisses. Le Touring Club Suisse (TCS) estime à environ 300 francs le potentiel d'économie annuel pour un automobiliste. Une moyenne pour 15 000 kilomètres et une consommation de 6,7 litres aux 100 kilomètres.
Pour plus de transparence, le TCS a désormais lancé un radar national des prix de l'essence. Lundi après-midi, la plateforme comptait déjà 40 000 enregistrements de comptes sur le site internet. Il s'agit de la première plateforme de comparaison des coûts de l'essence officielle en Suisse.
L'idée est la suivante: les utilisateurs enregistrés alimentent en permanence la plate-forme avec les prix actuels des stations-service suisses. Les différences de prix de six types de carburant doivent ainsi être représentées de manière transparente et si possible en temps réel. Le TCS s'attend à un «effet de réduction des prix», comme l'a déclaré son directeur général Jürg Wittwer au Blick.
La plate-forme de comparaison rencontre un grand soutien auprès de la Fondation pour la protection des consommateurs. «Cela va dans la bonne direction», déclare Marius Wiher, responsable Energie et durabilité. La transparence des prix à la pompe est «absolument nécessaire» et centrale pour le bon fonctionnement du marché.
Depuis le début de la guerre en Ukraine et la hausse vertigineuse du prix du carburant, des efforts politiques sont en cours dans notre pays pour introduire un calculateur de prix en ligne – initié par Monsieur prix, Stefan Meierhans.
Le Conseil fédéral rejette cette demande, mais le Conseil des Etats a déjà adopté une motion correspondante de Pirmin Bischof (centre/SO). Une majorité se dessine également au Conseil national après la décision de la commission consultative.
Malgré le nouvel outil du TCS, une solution étatique devrait rester pertinente. En effet, selon le directeur de la Fondation pour la protection des consommateurs alémanique, Marius Wiher, la plateforme aurait deux avantages de poids:
En revanche, Marius Wiher voit quelques difficultés dans le système communautaire de la plateforme TCS, notamment au niveau de l'analyse des données récoltées.
En effet, seules les personnes se trouvant à proximité immédiate de la station-service peuvent saisir un prix. La géolocalisation y veille. Il est bien sûr possible que quelqu'un saisisse des chiffres erronés, explique la porte-parole du TCS, Sarah Wahlen. Mais cela devrait être compensé par la grande quantité de données: «Si le prix est saisi plusieurs fois par jour, nous remarquons si une indication est complètement erronée», a-t-elle déclaré.
Selon Marius Wiher, la rapidité avec laquelle les erreurs sont remarquées est également décisive. En effet, les prix pouvant changer rapidement, les mises à jour doivent être fréquentes et rapidement exécutées. «Si les prix des stations-service proches de chez moi datent de cinq jours, la transparence ne m'apporte pas grand chose», dit-il.
Le système «tient» grâce au nombre d'utilisateurs actifs, explique Wiher. Mais il y a un frein à la saisie de données: actuellement, les utilisateurs doivent s'enregistrer au préalable sur le site du TCS et donc saisir leurs coordonnées. Seul le visionnage de la carte est possible sans enregistrement.
L'utilisation de cette plateforme n'est pas non plus très user-friendly. En effet, il faut se rendre sur le navigateur afin de visionner la carte des stations-service. Une application serait donc plus pertinente: elle faciliterait non seulement l'accès à la carte, mais aussi la récolte des données. Un aspect qui devrait changer grâce à l'intégration de la plateforme de comparaison des prix de l'essence, dans l'application TCS existante.
Néanmoins, cette plateforme reste un bon outil pour le consommateur, estime le directeur de la Fondation pour la protection des consommateurs. Selon lui, le moyen le plus simple d'économiser sur les frais d'essence reste encore «de conduire une petite voiture – et de s'en passer pour les courts trajets». Autrement dit, de privilégier d'autres moyens de transports pour les trajets les plus courts.