De la responsable commerciale à la cheffe de projet, en passant par l'ingénieure civile: la Bâloise Assurances est à la recherche de nouvelles collaboratrices, comme en témoigne la rubrique «emplois» de son site web.
En effet, toutes les offres d’emploi sont étonnamment formulées au féminin. L’abréviation «w/m» est alors indiquée entre parenthèses, pour préciser que les hommes et les femmes sont recherchés.
Le groupe de la Bâloise justifie également cette démarche en affirmant que la diversité du personnel a un impact positif sur la culture, la coopération et les résultats.
Une attention particulière est accordée aux domaines où la proportion d'hommes a tendance à être plus élevée que celle des femmes, tels que les prestataires de services d’assurance ou le secteur de l'informatique. De plus, l'entreprise souhaite placer davantage de femmes à des postes de direction.
Le groupe d'assurance a du retard à rattraper. Les femmes ne représentent que:
Même si les premiers résultats de cette démarche au sein de l’entreprise font encore défaut, Nora Keller, cheffe de projet au Competence Center Diversity & Inclusion de l'Université de Saint-Gall, salue déjà la décision du groupe d'assurance:
Diverses études montrent que de nombreuses femmes ne se sentent pas interpellées par le masculin générique et, par conséquent, ne postulent pas pour une annonce qui les intéressaient, a-t-elle ajouté:
Il y a deux ans, Swico, l'association de l'industrie de l'informatique et de l'Internet, a publié une annonce recherchant une «nouvelle directrice générale qui peut aussi être un homme». Depuis lors, l'organisation est dirigée par Judith Bellaiche, qui s’est sentie concernée par cette tournure de phrase. «Cela prouve qu’on peut faire beaucoup avec quelques changements», avait-elle alors déclaré au magazine «Bilanz».
En Suisse, la Bâloise est une exception avec ses offres d'emploi féminines pour des postes à responsabilités. Nora Keller, spécialiste des questions de diversité de genres à l'Université de Saint-Gall, espère fortement que d'autres entreprises adopteront cette mesure, si la proportion interne de femmes devient trop faible.
Toutefois, la spécialiste Nora Keller signale un problème. «Tout comme le masculin générique, le féminin générique ne doit pas devenir la norme». La formulation au féminin est une approche passionnante et temporaire pour assurer un meilleur équilibre entre les sexes dans une entreprise. Mais cette formulation exclut une bonne partie de l'entreprise.
En outre, le masculin, ainsi que le féminin générique ne s'adressent pas à toutes les personnes qui s'identifient comme faisant partie de la communauté LGBTQ – des personnes aux orientations sexuelles et aux identités de genre diverses. Les lettres signifient «lesbienne, gay, bisexuel, trans, queer et intersexe».
Markus Giess, responsable des ressources humaines à la Bâloise, explique qu’en raison du passé, une grande partie des offres d’emploi ont été formulées de manière non sexiste pendant un an, par exemple «Conseil à la clientèle, au lieu de conseiller à la clientèle». Cependant, il affirme que cette démarche n'a pas été couronnée de succès. «Cela rend certains titres d’emploi encombrants, donc moins attractifs, et cela réduit les candidats à un seul emploi».
Nora Keller préconise donc l'astérisque de genre ou les deux points de genre, que l'on voit de plus en plus dans la langue allemande. «Ces formulations sont plus inclusives et s’adressent à tout le monde. Cependant, le fait que ces deux alternatives ne se soient pas encore imposées partout n'est pas seulement dû à des raisons idéologiques, mais aussi pratiques», affirme-t-elle. La spécialiste précise:
En Allemagne, le débat sur le genre dans le monde des affaires progresse. Comme le rapporte le journal «Welt», une analyse de l'institut Ifo de Munich et du prestataire de services de personnel Randstad a récemment révélé que le langage inclusif est utilisé dans plus d'une entreprise.
En Suisse, l'administration fédérale a récemment interdit l'étoile de genre et les tournures similaires, car elles auraient conduit à «toute une série de problèmes linguistiques». Swiss, en revanche, a décidé – comme de nombreuses autres compagnies aériennes – de passer à un langage non sexiste, y compris à bord. Ainsi, la salutation classique «Mesdames et Messieurs» devrait bientôt appartenir au passé.
Cet article a été traduit en partie et complété par jch, la version originale ici.