«Quel prix est-on prêt à payer pour sauver la vie d'une femme en Suisse?»
- 14 janvier 2025 à Vouvry (VS). Elle aurait eu 30 ans.
- 16 janvier 2025 à Bienne (BE). Elle aurait eu 31 ans.
- 25 janvier 2025 à Berne. Elle aurait eu 44 ans.
- 26 janvier 2025 à Lodrino (TI) Tessin. Elle aurait eu 21 ans.
- 7 février 2025 à Schönenwerd (SO). Elle aurait eu 40 ans.
- 10 février 2025 à Pratteln (BE). Elle aurait eu 33 ans.
- 17 février 2025 à Bülach (ZH). Elles auraient eu 68 et 49 ans.
- 12 mars 2025 à Obermumpf (AR). Elle aurait eu 55 ans.
- 25 mars 2025 à Emmenbrücke (LU). La femme a atteint l'âge de 40 ans, l'âge de sa fille n'est pas connu.
Depuis le début de l'année, onze féminicides ont été recensés en Suisse, relaye le site Stop Femizid. «Un chiffre qui donne le vertige», réagit Jessica Jaccoud, conseillère nationale (PS), et qui soulève des questions. Pourquoi les choses n'évoluent pas? Et qu'est-ce qui est mis en place dans le pays pour éradiquer ce fléau?
Discours VS action
«Lorsqu'on veut éradiquer un problème, il faut mettre les moyens financiers», répond Martine Lachat Clerc, directrice de Solidarité femmes Fribourg, un centre d'aide aux victimes de violence, ainsi qu’à leurs enfants.
Si elle reconnaît que la problématique est considérée comme «prioritaire» au sein de la classe politique, elle martèle que «les discours ne suffisent pas». Parmi les besoins actuels cités, il y a l'augmentation des places dans les maisons d'accueil. Car si la Suisse compte 216 chambres au total, et que le nombre de maisons d'accueil pour les femmes victimes de violences a augmenté ces dix dernières années, toutes les places sont prises. De plus, certains cantons ne disposent pas de ces structures.
Lena John, co-directrice de la Fédération Solidarité femmes de Suisse, l’organisation faîtière des maisons d’accueil, précise que d'après la Convention d'Istanbul, il faudrait une chambre familiale pour 10 000 habitants.
Comment expliquer ce manque de moyens alloués? «Les féminicides ont longtemps été gardés sous silence et on se rend compte aujourd'hui de l'ampleur du fléau, ainsi que du coût pour mettre en place un plan d'action», estime Martine Lachat Clerc. Et d'ajouter:
Tous concernés
En revanche, parmi les progrès observés ces dernières années, Martine Lachat Clerc et Jessica Jaccoud mentionnent la plus grande visibilité, notamment dans les médias, de la problématique, et insistent sur la nécessité de poursuivre dans cette direction:
La conseillère nationale, avocate de profession, explique que désormais, les femmes qui viennent la voir pour dénoncer les violences infligées par leur partenaire ou ex-partenaire tiennent un discours différent: «Elles veulent agir pour elles et pour éviter que d'autres femmes ne soient victimes du même auteur.» Et d'ajouter:
350 millions demandés
Début 2025, et en réaction aux onze féminicides, le Parti socialiste a lancé une pétition qui exige que Conseil fédéral prenne des mesures immédiatement. 350 millions de francs sont demandés «pour assurer la sécurité des femmes et lutter contre la violence sexiste, domestique et sexuelle». «Nous voulons à présent être entendues et protégées», peut-on notamment lire dans le texte.
Selon Jessica Jaccoud, «la Confédération doit investir dans la prévention, la sensibilisation de la société, ainsi que l'accompagnement des victimes et des auteurs afin de sortir de cette spirale». Elle reconnaît qu'il «faudra du temps avant que ces actions ne déploient leurs effets, mais que cela représente un investissement à long terme.» Et de poser la question suivante: