L'Initiative de Genève n'est pas un échec. Tout le monde s'y réfère encore aujourd'hui. C'était une très bonne proposition, elle présentait la seule voie possible vers une solution à deux Etats, vers une coexistence pacifique des deux peuples dans leur propre Etat.
Lorsque la Suisse a annoncé l'année dernière qu'elle se retirerait du financement de l'Initiative de Genève en 2023, il était clair pour moi qu'elle faisait également ses adieux à la solution des deux Etats. Or cette initiative était la seule voie réaliste. Le Conseil fédéral a toutefois communiqué le contraire: la Suisse s'en tient à la solution des deux Etats.
J'ai dit à l'époque à notre ministre des Affaires étrangères que la Suisse abandonnait désormais la solution des deux Etats. Mais il m'a répondu que non, que ce n'était pas le cas. Et aujourd'hui encore, tout le monde, y compris la Suisse, garde cette option comme un but.
La solution des deux Etats est morte, on l'a laissée s'effondrer. Je partage aujourd'hui l'avis d'Israéliens critiques qui affirment que leurs gouvernements respectifs n'ont jamais vraiment voulu de cette solution. Qu'elle a également servi de prétexte à l'Occident pour ne rien faire et s'en tenir au statu quo.
Mais on ne peut pas résoudre de problème avec une simple tournure de phrase, bien au contraire.
Le Hamas voulait notamment empêcher le rapprochement d'Israël et de l'Arabie saoudite, dans lequel la question palestinienne jouait un rôle marginal. Ce calcul cynique du Hamas a fonctionné: l'Arabie saoudite affirme désormais que la question palestinienne doit être incluse dans les négociations.
Aujourd'hui, il n'y a plus que la solution à un seul Etat. Dans les faits, elle est déjà une réalité: 90% du territoire entre la Méditerranée et le Jourdain sont aujourd'hui contrôlés par Israël. A mes yeux, la seule solution est un Etat unique, un Etat fédéral, dans lequel Israéliens et Palestiniens ont les mêmes droits.
Car ce qui se passe actuellement est terrible, surtout pour Israël. Cela rappelle les horreurs du passé. Israël est un refuge pour de nombreux juifs. J'ai une amie qui vit avec une valise toujours préparée. Elle dit que si elle ne peut plus vivre en sécurité ici, elle ira en Israël.
La Suisse doit-elle condamner le Hamas? C'est au Conseil fédéral d'en décider, il travaille maintenant à l'élaboration des bases juridiques d'une interdiction. En principe, nous suivons les directions de l'ONU à ce sujet.
Mais ce que je peux dire est que nous n'avions jamais classé le PKK kurde ou les rebelles colombiens des FARC comme des organisations terroristes. Cela nous a par exemple permis de négocier la libération de la politicienne colombienne Ingrid Betancourt, qui avait été enlevée en 2008.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci