Le procès à Genève de quatre membres de la richissime famille indienne Hinduja, qui sont accusés d'avoir exploité du personnel de maison, se poursuivra le 10 juin. Mercredi, le Tribunal correctionnel de Genève a rejeté la plupart des questions préjudicielles de la défense.
Certaines requêtes plaidées par les avocats des prévenus demandaient le renvoi de la procédure au Ministère public pour un complément d'instruction. Une acceptation d'une de ces demandes aurait retardé la tenue du procès, qui avait déjà été ajourné une première fois plus tôt dans l'année.
Pour le tribunal, la défense, qui exigeait d'avoir accès au contenu des appareils électroniques des plaignants, a eu tout loisir de consulter ces données. Les juges ont aussi refusé d'ordonner une demande d'entraide auprès de l'Inde. La démarche, fastidieuse, aurait été à l'encontre du principe de célérité de la justice.
Les questions préjudicielles étant traitées, le Tribunal correctionnel a fixé au 10 juin prochain la reprise de l'audience. Le procès entrera alors dans le vif du sujet, avec l'audition des accusés. La présence de ces derniers aux débats n'est toutefois pas garantie.
Mais ce n'est pas le seul revers qu'a dû encaisser la famille Hinduja. Ce jeudi, le Pôle Enquête de la RTS révèle que la Cour de justice genevoise a refusé une nouvelle demande de récusation du Tribunal correctionnel. D'après l'organe, les diverses demandes de récusations déposées par la défense :
Par ailleurs, l'enquête de la RTS reprend de manière exhaustive et «décortique chronologiquement» les 10 demandes de récusation formulées par la famille Hinduja. Dans la Matinale, la RTS qualifie ce nombre de demandes de récusation d'«hors norme».
En janvier dernier, le procès avait été ajourné, car il manquait deux prévenus à l'appel. Ceux-ci, âgés respectivement de 78 et 75 ans, avaient justifié leur absence pour des raisons de santé, certificat médical à l'appui. Deux avocats de la défense, malades, s'étaient également excusés:
Tout ce monde avait été reconvoqué dix jours plus tard par le tribunal. Les deux prévenus, absents la première fois, n'étaient toujours pas là. Les juges avaient alors décidé de continuer le procès sans eux, réservant une semaine en mars pour aborder les innombrables questions préjudicielles soulevées par la défense.
Prakash Hinduja, son épouse Kamal, leur fils Ajay et leur belle-fille Namrata sont poursuivis pour:
Le quatuor est accusé d'avoir exploité pendant de nombreuses années son personnel domestique qui travaillait dans la propriété que la famille possède à Cologny (GE).
Selon l'acte d'accusation du Ministère public, les plaignants devaient travailler tous les jours, sans jour de congé, sans compensation des heures supplémentaires, avec des vacances imposées et non payées. Ces personnes percevaient un salaire misérable en roupies indiennes. Les prévenus contestent ces accusations.
Les Hinduja sont une famille puissante, qui se trouve à la tête d'un conglomérat tentaculaire pesant des milliards de dollars, avec des activités dans l'industrie, la finance, les services informatiques, la santé et l'immobilier. La famille indienne a pris racine en Suisse avec l'ouverture, en 1994, de Hinduja Bank. (ats avec watson)