Des graffitis cachés font surface à Genève
Suite à la curiosité d'un concierge de l'université de Genève, entre 700 et 900 dessins et inscriptions ont été mis au jour à l'orphelinat de Pinchat, à Carouge, par l'office du patrimoine et des sites (OPS). Ces graffitis révèlent les rêves, les tracas et la vie quotidienne des orphelines qui les ont tracés, entre 1942 et 1961.
«Ce qui est extraordinaire et émouvant pour nous, c'est que ce sont des enfants de 11 à 15 ans qui s'expriment à travers ces graffitis», souligne Matthieu de la Corbière, directeur du service de l'inventaire des monuments d'art et d'histoire, suite à un communiqué publié mardi. Ces inscriptions «donnent la parole à celles qui ne l'avaient pas dans les rapports ou les archives de l'époque et donnent vie au bâtiment», ajoute le directeur.
A l'origine de cette découverte, un concierge, qui «a eu la curiosité d'essayer de comprendre ces graffitis qui recouvraient les murs du grenier. Il a contacté les archives d'Etat, qui nous ont appelés», raconte Matthieu de la Corbière, directeur du service de l'inventaire des monuments d'art et d'histoire.
La priorité a alors été de documenter ces inscriptions, qui se croisent et se recouvrent sur les murs de plâtres, par un relevé photogrammétrique détaillé. Au total, 418 graffitis ont été interprétés, dont 154 ont pu être attribués à 56 personnes, à l'aide des Archives d'Etat.
«Nous n'avons retrouvé presque aucune injure, aucune blague salace comme on peut en voir aujourd'hui» s'étonne Matthieu de la Corbière. Les témoignages évoquent notamment les moments de détente, les affections nouées entre les résidentes, mais aussi les vedettes de l'époque. Le directeur s'amuse:
Certaines inscriptions déplorent aussi des moments de solitude, racontant le temps long écoulé entre les murs de l'orphelinat. «Ces enfants pouvaient y rester de leurs quatre ans jusqu'à leurs 20 ans. Le temps le plus long enregistré est de 17 ans», souligne Matthieu de la Corbière.
A l'orphelinat, les pensionnaires étaient nourries, logées et formées pour devenir ménagères. Après la crise économique des années 1930, les pensionnaires devaient aussi faire des corvées pour remplacer le personnel vacant, indique le directeur. Certains graffitis s'en plaignent.
L'orphelinat a été construit en 1915 par l'Hospice général pour les orphelines du canton. Il a fermé ses portes en 1962 après avoir accueilli plus de 600 pensionnaires. Le bâtiment a ensuite servi de logement pour étudiants, puis de bureaux et de salles de cours pour l'Unviersité de Genève. (jah/ats)
