La guerre en Ukraine se poursuit sans relâche. Des soldats meurent sur le front à l'est, la Russie terrorise les villes de tout le pays avec des attaques de missiles. «Chaque jour, des dizaines de civils meurent», a déclaré le conseiller fédéral et ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis, dimanche, à Davos. Et en regardant le paysage enneigé, il a constaté:
La paix semble en effet bien lointaine. Moscou n'a aucune intention de se retirer, bien au contraire. Et Kiev est fermement décidée à défendre et à reconquérir le territoire qui lui revient en vertu du droit international.
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C'est dans ce contexte que des délégations de 83 pays se sont réunies, un jour avant le début du World Economic Forum (WEF), pour discuter de la formule de paix à proposer au président ukrainien Volodymyr Zelensky. Celui-ci a formulé dix exigences pour mettre fin au conflit. Par exemple, le retrait complet des troupes russes, la sécurité de l'approvisionnement en denrées alimentaires et en énergie ainsi que des garanties pour une paix durable.
Ces requêtes ont déjà été discutées lors de trois conférences dans plusieurs pays, à chaque fois sans la Russie. La quatrième et dernière série de pourparlers des conseillers à la sécurité nationale a eu lieu sous la houlette d'Ignazio Cassis et du chef de la présidence ukrainienne, Andrij Jermak.
Lors d'une conférence de presse, en début d'après-midi, Cassis a tiré un bilan provisoire au contenu modeste. A la clé, aucun progrès concret, donc. Mais les bases pour des discussions sur la paix ont été posées, a déclaré le Tessinois. Il n'a pas manqué de souligner qu'il n'y avait pas d'alternative au dialogue. Et d'ajouter que le grand nombre de pays impliqués permet en outre d'enclencher une dynamique internationale qui peut contribuer à trouver des solutions, y compris dans d'autres conflits.
Le conseiller fédéral a fait remarquer à plusieurs reprises qu'il ne s'agissait pas seulement d'une conférence des alliés occidentaux de l'Ukraine. Le Sud était également représenté avec l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud, ainsi que l'Arabie saoudite.
Seulement voilà: à l'inverse des discussions sur une formule de paix, les affrontements, eux, se poursuivent. Avec quelle issue? C'est à l'Ukraine d'en juger, a déclaré Ignazio Cassis, sans cesser de nuancer:
Une Russie, justement, dont il est impossible de dire comment et quand elle pourra être impliquée dans les efforts de paix.
La Chine joue un rôle central à cet égard. Le gouvernement de Pékin est proche du président russe et a en même temps le pouvoir politique et économique d'exercer une influence sur lui. La Chine n'a pas participé aux négociations de dimanche à Davos. Mais les conditions sont favorables pour qu'elle puisse avoir une influence dès les prochains jours.
Ainsi, en marge de la conférence de presse du Tessinois, on a pu entendre parler d'efforts diplomatiques en cours pour organiser une rencontre entre le président Zelensky et le premier ministre chinois Li Qiang lundi à Berne ou mardi dans les Grisons. Tous deux sont attendus à Berne pour des entretiens avec la présidente de la Confédération Viola Amherd, ce lundi pour Zelensky.
Mardi, Zelensky et Li feront une apparition au WEF. Il y aurait donc plusieurs occasions pour un rendez-vous entre les hauts dirigeants. Mais dimanche soir, Pékin n'avait encore rien promis.
La France aurait bien sûr une carte à jouer, puisque son président ira également au WEF. Durant les premiers mois de la guerre, il s'était personnellement beaucoup engagé pour une fin rapide du conflit et a eu de longues discussions avec Poutine. Emmanuel Macron pourrait avoir à nouveau envie de s'impliquer. Son nouveau ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, s'est rendu à Kiev samedi lors d'un premier voyage ministériel.
La capitale ukrainienne connaît actuellement une intense activité diplomatique. Cela n'a pas toujours été le cas ces derniers mois. La guerre en Europe de l'Est a perdu de son intérêt en Occident après l'attaque du Hamas contre des civils israéliens. L'attaque militaire d'Israël à Gaza qui a suivi a détourné l'attention de la communauté internationale. Aux Etats-Unis, les républicains sont en train de fermer les vannes de l'aide à l'Ukraine.
En Europe de l'Ouest, une certaine lassitude face à la guerre se fait sentir. En Suisse aussi, il est loin d'être certain que le paquet pour la reconstruction à plusieurs milliards mis en place par Cassis trouve une majorité politique.
La promesse du premier ministre britannique Rishi Sunak d'une aide militaire de 2,5 milliards de livres et la signature d'un accord de sécurité lors d'une visite à Kiev à la fin de la semaine dernière ont certes redonné une lueur d'espoir. Mais cela ne suffira pas à libérer l'Ukraine. Devra-t-elle se rasseoir à la table des négociations?
Le chef de la présidence ukrainienne, Yermak, a balayé ce scénario lors d'une deuxième conférence de presse dimanche soir:
Yermak a, entre-temps, réaffirmé que l'Ukraine avait tout intérêt à inclure la Chine dans les discussions. «Pour nous, il est important d'avoir Pékin autour de la table». À la question sur une éventuelle rencontre entre Zelensky et le premier ministre Li ces jours-ci, il répond: «Je ne connais pas l'agenda de notre président». «Let's see».
Traduit de l'allemand par Valentine Zenker