Il était considéré par beaucoup comme une sorte de star au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) piloté par un conseiller fédéral Ignazio Cassis: Alexandre Fasel (61 ans), diplomate expérimenté, reconnu pour sa force et apprécié en tant que chef. Récemment il était encore ambassadeur à Londres et est aujourd'hui conseiller spécial du Conseil fédéral à Genève auprès de l'ONU.
On espérait que Fasel, originaire de Fribourg, devienne le nouveau secrétaire d'Etat au DFAE, succédant ainsi à Livia Leu, qui quitte son poste après seulement deux ans pour devenir ambassadrice à Berlin, une position prestigieuse avant sa retraite.
Les observateurs les plus chevronnés pensent que Fasel serait le candidat magique. Celui en mesure de redonner du profil et du poids à la fonction de secrétaire d'Etat, que ce soit en matière de gestion du personnel ou de définition des priorités de la politique étrangère suisse, y compris dans les négociations avec l'UE.
Sous Livia Leu, les plus informés en politique diplomatique suisse ne ressentaient plus grand-chose de tout cela, elle semblait s'enfoncer dans les négociations européennes.
Un observateur bien informé assure que, selon lui, ce sont les bureaucrates qui dirigent le département, notamment parce que Cassis lui-même ne s'intéresse guère au personnel et aux projets: Marcus Seiler, le secrétaire général, et à la direction des ressources de Tania Cavassini.
Il semble de plus en plus évident que «l'option Fasel» se soit évanouie. Le Fribourgeois, considéré par beaucoup comme l'un des poids lourds du DFAE, n'a pas déposé sa candidature pour le poste de secrétaire d'Etat. C'est ce que confient plusieurs sources indépendantes à CH Media. Alexandre Fasel lui-même n'a pas pu être joint par nos confrères.
Bien qu'il y ait eu certaines discussions, Fasel semble en avoir conclu que la direction actuelle du DFAE, avec Cassis et Seiler à sa tête, n'était pas intéressée par un secrétaire d'Etat comme lui, comprendre une personne ayant du poids, une position ferme et une opinion propre. «Fasel n'est pas du genre à courber l'échine devant Seiler», dit un observateur aguerri du Palais fédéral. Mais c'est ce que l'on attendait de lui, comme sans doute d'autres papables.
Selon plusieurs initiés, la personne qui succèdera à Livia Leu devrait être un béni-oui-oui, qui exécuterait ce qu'on lui demande, qui ne développerait, si possible, aucune initiative personnelle et qui laisserait la sélection et la gestion du personnel aux bureaucrates.
Dans ce contexte, Fasel n'est pas une exception. Des sources indiquent que les ambassadrices à Bruxelles et à Rome, Rita Adam et Monika Schmutz, n'ont pas non plus postulé. Elles aussi avaient été pressenties pour succéder à Leu.
Ce qui est sûr, c'est qu'aucun des poids lourds restants de la diplomatie suisse n'a envie de se rendre à la capitale. Un diplomate, sous couvert d'anonymat, a lancé:
Pour beaucoup, le départ de l'ancien secrétaire d'Etat Roberto Balzaretti a eu un effet traumatisant. Il avait pratiquement fini de négocier l'accord-cadre avec l'UE, en concertation permanente avec le Conseil fédéral, lorsque Cassis l'a brusquement lâché.
Aujourd'hui, la direction du département est en fait laissée aux RH, ce qui est fatal. Les critiques reprochent au DFAE actuel de ne plus fabriquer que des stratégies sur papier, mais de ne pas être présent sur le terrain ou avec des initiatives. Un diplomate décrit le poste:
Un secrétaire d'Etat fort n'est pas à l'ordre du jour. Selon le DFAE, la commission de recherche qui s'occupe de la succession de Leu est composée de trois personnes: Markus Seiler, secrétaire général. Tania Cavassini, cheffe de la Direction des ressources, et Patricia Danzi, directrice du développement et de la coopération.
Le DFAE n'a pas voulu répondre à la question de savoir combien de candidatures ont été reçues. Il n'a pas non plus précisé combien de femmes et combien d'hommes se sont présentés. Ni si les personnes qui n'ont pas postulé seront éventuellement encore sollicitées ou nommées. On se contente d'un no comment:
Cependant, le DFAE répond que la procédure de candidature et de commission de sélection actuelle existe depuis 2014 et repose sur une directive du Conseil fédéral. Il semble incertain que le poste soit pourvu avant les vacances d'été. Livia Leu devrait rester en fonction jusqu'à fin août. Certains critiques affirment que la course au secrétariat d'Etat du DFAE est devenue un jeu de hasard en comparaison avec le passé.
Selon les initiés, la tendance est à la candidature de personnes qui sont en bons termes avec la direction actuelle, ce qui n'est guère surprenant. Gabriel Lüchinger, ex-secrétaire général de l'UDC, en ferait partie. La division Sécurité internationale du DFAE qu'il dirigeait pourrait devenir caduque avec la création du nouveau Secrétariat d'Etat à la sécurité au sein du département de la Défense.
Ou Simon Geissbühler, chef de la division Paix et droits de l'homme du DFAE. Il est le frère de la conseillère nationale UDC Andrea Geissbühler. Certains critiques le considèrent également comme acceptable, car il ne se laisserait probablement pas trop faire. Patric Franzen, chef de la division Europe et adjoint de Livia Leu, est considéré comme un candidat prometteur. L'ambassadeur de Suisse à Londres, Markus Leitner, serait également en lice.
Même le nom de Monika Rühl, chef de la fédération économique Economiesuisse, circule... Elle a une formation diplomatique. (aargauerzeitung.ch)
Traduit et adapté par Noëline Flippe