Ce jeudi, la Suisse s'apprête à vivre son premier jour sans la plupart des mesures Covid qui étaient en vigueur jusqu'à présent. Si la levée des restrictions se généralise en Europe, deux pays ont nettement devancé tous les autres: le Royaume-Uni et le Danemark, qui ont supprimé les règles le 27 janvier et le 02 février derniers.
Plus de deux semaines se sont donc écoulées depuis, ce qui permet de voir avec un certain recul comment les choses ont évolué après l'abandon des restrictions. Verdict? Les deux pays présentent une situation radicalement différente. Alors que tous les indicateurs baissent au Royaume-Uni, les infections et les hospitalisations sont reparties à la hausse au Danemark. Ces deux évolutions opposées sont bien visibles dans les graphiques ci-dessous:
Comment expliquer cette différence? Le virologue et professeur à l'EPFL Didier Trono avance une hypothèse: «Cela suggère que la population infectable a été plus vite épuisée au Royaume-Uni qu’au Danemark», explique-t-il.
Cela serait dû à plusieurs raisons, poursuit l'expert: «Peut-être parce que la propagation du virus a été plus fulgurante dans les îles Britanniques que sur le continent, peut-être parce que l’immunité collective consécutive due soit à la vaccination soit à une infection préalable y était plus robuste», détaille le chercheur. «De plus, si la vague Omicron a commencé à peu près en même temps au Royaume-Uni et au Danemark, le variant BA.2 est apparu plus tôt dans ce dernier, ce qui, combiné avec une plus faible immunité collective contre ce variant et une levée des mesures, pourrait expliquer la flambée actuelle».
Ce qui se produit actuellement dans ces deux pays peut-il offrir un aperçu des prochaines semaines en Suisse? Et si oui, lequel de ces deux scénarios va se concrétiser? «C'est difficile de prédire ce qui va se passer dans un pays en regardant les autres», prévient l'infectiologue Philippe Eggiman. «La manière de prendre des mesures et leur intensité ont une influence sur la pandémie». Et d'ajouter:
Didier Trono est du même avis: «Tout dépend maintenant de la fraction de la population qui est encore infectable. Si suffisamment de gens ont été infectés ou récemment vaccinés, la levée des mesures ne va pas provoquer un rebond spectaculaire du nombre des cas. A force de circuler, le virus n'a plus nulle part où aller.»
Même s'il estime «difficile de prévoir la suite», le virologue se montre optimiste: «Un rebond nécessitant la mise en place de nouvelles restrictions est peu probable», affirme-t-il. «Les mesures individuelles, telles que le port du masque, restent pourtant utiles.»
A noter que, pour l'instant, l'obligation de s'isoler après un test positif et de porter le masque dans les transports publics reste en vigueur. Une décision saluée par Philippe Eggiman:
«Le fait de maintenir le port du masque dans les transports publics pendant quelques semaines encore fait sens et est tolérable pour la population», assure-t-il. «Cela peut contribuer à étaler la vague, qui n'est pas encore terminée.»