Après la controverse suscitée par ses nouvelles règles d'utilisation, WhatsApp passe à l'offensive. Le service de chat, propriété de Facebook, lance une campagne publicitaire mettant en avant son cryptage. Et ce n'est pas Mark Zuckerberg qui monte au créneau mais le patron de WhatsApp, Will Cathcart.
WhatsApp a décidé de mettre en avant son chiffrement intégral et promet de nouvelles fonctionnalités pour protéger la vie privée. Notamment la possibilité d'envoyer des messages qui ne pourraient être consultés qu'une seule fois par le destinataire. Une fonctionnalité qui pourrait s'avérer utile, par exemple, pour envoyer un mot de passe à des membres de votre famille, a déclaré Will Cathcart, responsable de WhatsApp.
Il sera également possible de faire en sorte que les discussions disparaissent d'elles-mêmes après un certain laps de temps. «Les gens, dans leur ensemble, ne veulent pas que leurs messages soient conservés à jamais», a souligné le patron de WhatsApp.
Pour faire connaître ses nouvelles intentions, WhatsApp lance, ce lundi 14 juin, une campagne publicitaire sur la protection de la vie privée en Allemagne et au Royaume-Uni (qui comptent parmi ses marchés les plus importants). De courtes vidéos promotionnelles soulignent que le contenu envoyé via la messagerie n'est, en principe, visible en clair que par les utilisateurs concernés, grâce au cryptage dit de bout en bout.
WhatsApp compte plus de deux milliards d'utilisateurs. Toutefois, le service a dû faire face à des critiques et à un exode du public ces derniers mois suite à l'annonce de ses nouvelles règles d'utilisation. Les raisons de cette vague de colère? Selon ses détracteurs, la mise à jour entrée en vigueur mi-mai, entraînerait le partage d'un plus grand nombre de données avec Facebook, la société mère de l'entreprise.
Une affirmation rejetée par WhatsApp qui a évoqué un malentendu. La messagerie a souligné à plusieurs reprises que le cryptage de bout en bout ne serait pas assoupli et qu'elle-même n'avait pas accès au contenu.
Will Cathcart a toutefois reconnu des erreurs dans l'annonce des nouvelles règles. «Nous devons communiquer clairement ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons.» Un objectif que l'entreprise n'a pas su tenir dans un premier temps, selon lui: «Nous n'avons été clairs que lorsque nous avons vu la confusion. C'est de notre faute.»
Entre-temps, une écrasante majorité des utilisateurs avaient déjà donné leur consentement aux nouvelles règles. À l'origine, ceux qui n'acceptaient pas les nouvelles règles étaient censés perdre progressivement l'accès aux fonctions de base de l'application. Finalement, ils ne subiront aucune conséquence. Seules les nouvelles possibilités de communication avec les entreprises ne seront disponibles qu'après avoir accepté la mise à jour.
Will Cathcart déplore que certains gouvernements tentent d'assouplir le cryptage des services de chat. «J'espère qu'avec le temps, les gouvernements se rendront compte que le rôle le plus important qu'ils peuvent jouer est de fournir davantage de sécurité», par exemple, en fixant des normes pour les entreprises. De son côté, Facebook reste fidèle à son projet d'appliquer un cryptage complet à son deuxième service de chat, Messenger, a assuré le patron de WhatsApp.
Dans de nombreux pays, les gouvernements et les autorités tentent de contrer le chiffrement intégral des services de chat tels que WhatsApp. Dans le cas des SMS classiques, les fournisseurs de télécommunications sont depuis longtemps tenus d'autoriser les autorités à les surveiller. Une règle qui n'existe pas encore pour les messageries cryptées.
Les autorités chargées de la sécurité soulignent que cela les empêche d'accéder aux communications des criminels ou des extrémistes.
(dsc/ats/awp/dpa)
Traduit de l'allemand par Fabien Feissli.