Il y a quelques années, renouveler son smartphone au profit d'une nouvelle génération valait la peine puisque la technique ne cessait d'évoluer. A chaque nouvelle version, l'appareil photo était plus performant, le processeur plus rapide et quelques nouvelles fonctionnalités faisaient le bonheur de l'acquéreur.
Désormais, le rythme de développement s'est ralenti. Les nouveaux appareils ne sont souvent pas beaucoup plus performants que leurs prédécesseurs.
Pourtant, la plupart des Suisses continuent de renouveler leur smartphone tous les trois ans, comme le montre une nouvelle étude de la Haute école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW).
Nombreux sont ceux qui remplacent un appareil encore tout à fait fonctionnel. Seuls 30% des 1400 personnes interrogées ont déclaré que leur téléphone portable n'était plus réparable. Un quart d'entre eux voulaient simplement un meilleur modèle ou ne voulaient pas faire réparer l'ancien. Un cinquième des personnes interrogées avaient une bonne raison: elles ne pouvaient plus faire certaines mises à jour avec leur appareil.
«Le problème réside dans notre mentalité de consommateurs», soulève Gregor Waller, responsable de l'étude financée par le Programme national de recherche. Selon lui, il faudrait sensibiliser davantage les gens à l'impact environnemental de l'achat d'un téléphone portable.
En effet, chaque appareil électronique contient plus de 60 éléments chimiques, dont des métaux rares comme l'or, l'indium ou le palladium. L'extraction de ces matériaux a des conséquences sur la santé des mineurs et sur l'environnement.
50% à 90% des émissions nocives pour le climat sur l'ensemble du cycle de vie sont dues aux phases «hors utilisation», notamment lors de la production du matériel.
Les smartphones devraient donc être utilisés le plus longtemps possible, bien au-delà de la moyenne de trois ans.
Selon Gregor Waller, «le mieux serait de le coupler avec la comparaison d'un appareil d'occasion».
L'achat d'un smartphone d'occasion a du sens sur le plan environnemental. L'enquête montre que seuls 7% des consommateurs en ont fait l'expérience. Parmi eux, 93% étaient satisfaits de leur appareil de seconde main. Ces personnes avaient surtout acheté l'appareil parce qu'il était bon marché. Mais le respect de l'environnement a également été cité presque aussi souvent comme motif d'achat.
L'achat d'un nouveau smartphone ne constituant pas un achat de première nécessité, les fournisseurs devraient être tenus d'indiquer les émissions de CO2 liées à la production.
Si l'achat d'appareils d'occasion se fait rare, la réparation l'est encore davantage. Seuls 7% des participants au sondage ont déjà fait réparer leur appareil. La plupart du temps, c'est la batterie ou l'écran qui est défectueux.
Tous deux peuvent être remplacés sur la plupart des appareils récents. C'est particulièrement le cas des iPhones, dont il est même possible de remplacer la batterie. Impossible, par contre, de le faire soi-même: il faut se rendre chez le revendeur.
Lorsqu'on achète un nouveau smartphone, son prédécesseur reste souvent oublié au fond d'un tiroir. De nombreuses pièces pourraient pourtant être réutilisées ou recyclées, ainsi que de précieuses matières premières récupérées.
Le recyclage se fait presque toujours à l'étranger. Une tâche elle-même gourmande en énergie, selon Gregor Waller.
D'après les auteurs de l'étude, la crainte que des données personnelles soient rendues publiques lors de la transmission du smartphone est infondée. Dès l'iOS8 d'Apple et la version 10 d'Android, les données sont cryptées par défaut et ne sont plus accessibles après la réinitialisation de l'appareil.