Une marge de 219 signatures. C’est bien peu. Trop peu, craint Vincent Schaller. «Il faudra un miracle pour que le référendum anti-burkini ait lieu», pronostique, à regret, l’élu municipal UDC à la Ville de Genève, à l’origine, avec son parti, dudit référendum. Le 4 avril, au terme de la période dédiée à la récolte des paraphes, on en comptait 3419, le minimum requis étant de 3200.
La démarche référendaire fait suite à l’adoption, le 13 avril, par le «parlement» du chef-lieu cantonal à majorité de gauche, d’une modification du règlement des piscines autorisant de facto le port du burkini, ce maillot de bain «intégral» revêtu par certaines musulmanes.
L’UDC, connue pour son rapport conflictuel à l’islam en tant que norme civilisationnelle, a sonné la première le clairon du référendum. Le PLR et Le Centre lui ont emboîté le pas sans évoquer l’islam. Chacune de ces formations est partie de son côté à la pêche aux signatures. Quarante jours plus tard, l’UDC, avec pour slogan «Touche pas à ma liberté – Non au burkini à Genève», en avait réuni 2931. Le PLR et le Centre, 488 à eux deux, une misère.
Michèle Roullet, élue libérale-radicale à la Ville de Genève, le déplore:
«Nous étions trois partis, nous aurions dû récolter plus de 3419 signatures, d’autant que nous étions dans la dynamique de la campagne des élections cantonales. Visiblement, parmi les référendaires, certains avaient d’autres priorités», constate Michèle Roullet, qui pointe un «excès de confiance».
La municipale PLR craint à son tour que les 3419 paraphes obtenus ne suffisent pas à valider la tenue d'un référendum. Il faut en effet compter avec la part de «déchet» lié à l’exercice. Ainsi, parmi les signataires, tous n’habitent pas Genève ou n’ont pas l’âge requis, des conditions sine qua non.
«Nous aurions dû engranger plus de paraphes de notre côté», estime Vincent Schaller, dont le parti, l’UDC, leader dans l’aventure, avait sorti les grands moyens en envoyant un tout-ménage dans les boîtes aux lettres.
Dès les premiers jours de la période référendaire, les préposés à la récolte de signatures ont remarqué qu’il n’y avait pas foule. «Beaucoup des personnes abordées ont fait part de considérations en lien avec la liberté individuelle, elles ne voyaient pas en quoi porter un burkini est un problème, ne serait-ce qu'en termes de sexisme», confiait l’un d’eux à watson. «La sociologie de la Ville de Genève, où la gauche est majoritaire, peut aussi expliquer ce relativement peu d’entrain», ajoutait le même.
Si le référendum devait ne pas aboutir faute de signatures valables en nombre suffisant, tout ou partie des anti-burkinis se rallieraient sûrement à un projet de loi déposé début mars par l'UDC au Grand Conseil genevois, demandant l'interdiction de ce maillot de nature confessionnelle dans tous les bassins publics du canton. Avec une majorité élargie issue du scrutin du 2 avril, la droite genevoise a des chances d’atteindre cet objectif, sous réserve d’un référendum qui émanerait cette fois-ci des bancs de la gauche.