A douze jours du second tour de l'élection au Conseil des Etats, watson a demandé aux candidats en lice dans le canton de Genève, patrie des Conventions du même nom fondant le droit international humanitaire, de donner leur opinion sur la guerre entre Israël et le Hamas. Mauro Poggia (MCG, 35,9% au premier tour), Lisa Mazzone (Les Vert.e.s, 34,9%) et Céline Amaudruz (UDC, 26,3%) ont accepté de répondre. Le quatrième candidat, le socialiste Carlo Sommaruga (34,9%), n'a pas souhaité s'exprimer sur ce sujet.
«Je dois dire que je n’ai toujours pas compris quelle est, pour l’avenir, le plan d’Israël concernant Gaza. Il y a dix ans, les Gazaouis étaient un million, aujourd’hui plus de deux millions. Quelles perspectives auront-ils lorsqu’ils seront trois ou quatre millions dans un territoire toujours aussi exigu?
Ces personnes ne peuvent pas se résigner à être parquées tels des animaux. Soit, on trouve une solution politique, soit on cherche un prétexte pour les faire aller ailleurs. Ce n’est évidemment pas Israël qui a créé le prétexte, en l’espèce, l’odieux massacre du 7 octobre. Mais lorsqu’on regarde les choses objectivement, on constate que Benjamin Netanyahou réussit, du moins dans le court terme, à coaliser l’ensemble du pays derrière lui, pacifistes inclus, et son gouvernement d’extrême droite. Sa logique aujourd’hui est de pousser les Gazaouis vers le sud de la bande de Gaza, dans l’espoir, peut-on supposer, qu’ils s’en aillent.
Face à la situation actuelle, le silence de la communauté internationale, qui s'explique en partie par les atrocités infligées aux juifs, qui culminèrent dans l'Histoire avec la Shoah, n'en est pas moins une hypocrisie totale. Nous, Suisses, avec Genève comme berceau des conventions du même nom, devons dire que le droit international humanitaire est la seule ligne de réponse au désastre en cours. Nous n'avons pas à faire une application à géométrie variable du droit international.
«Il faut être intransigeant face à tout acte antisémite. Aucun amalgame ne doit être fait entre la situation au Proche-Orient et la communauté juive en Suisse. Il faut clamer haut et fort qu’on ne tolérera pas l’importation chez nous de cette haine qui n’a rien à voir avec les personnes qui sont ici, quelle que soit la communauté dont elles font partie. L’islamophobie, qui s’exprime aussi, on le sait, doit être également combattue avec détermination. Quant au Hamas, après ce qu'il a fait le 7 octobre, je ne vois pas comment la Suisse pourrait ne pas l'inscrire sur la liste des organisations terroristes. Ce qui compliquera sans doute les transferts d'argent, je pense aux dons, destinés à des organisations humanitaires œuvrant dans la bande de Gaza.»
Il faut considérer le Hamas comme une organisation terroriste pour empêcher que la Suisse ne participe d’une quelconque manière à son financement. Le Conseil fédéral doit aussi appeler à un cessez-le-feu et au respect du droit international humanitaire, qui doit être appliqué inconditionnellement. En ce sens, les bombardements sur des zones urbaines sont inacceptables et dramatiques. Le droit international humanitaire oblige à la protection des civils, à qui il faut assurer l’accès à l’alimentation, à l’eau, à l’électricité, aux soins. Le gouvernement de Netanyahu doit aussi respecter le droit international humanitaire dans sa riposte militaire.
La Suisse est le pays des Conventions de Genève. Elle doit s’engager pour la libération des otages israéliens retenus à Gaza, la protection des civils, une aide humanitaire massive et le chemin vers la paix en soutenant et suscitant les initiatives dans ce sens.
«Enfin, les autorités fédérales et cantonales doivent prendre des mesures fortes pour prévenir, empêcher et punir les actes antisémites survenant en Suisse, dans un contexte de montée de l’antisémitisme. Les Vert.e.s demandent une stratégie et un plan d’action urgents.»
«Le Conseil fédéral doit déclarer le Hamas organisation terroriste. L’UDC en a déjà fait la demande ces dernières années. Il faut appeler un chat, un chat.
Israël a le droit de se défendre après l’attaque terroriste du Hamas. Comment se défendre sans répliquer militairement? On ne peut pas exiger d’Israël qu’il reste passif après ce qui s’est passé le 7 octobre. Tout doit être fait de son côté pour épargner le plus possible la vie des civils gazaouis, les femmes et les enfants. Quant à l’avenir, qui ne rend pas très optimiste, il faut quand même espérer qu'il fera éclore une solution à deux États.»
Certains se laissent aller à des propos haineux. Par exemple, cette semaine, à Genève, j’ai croisé un homme qui brandissait dans la rue un drapeau palestinien portant l’inscription "Israël, sioniste nazi du XXIe siècle". Je me suis permis de lui dire qu’il n’avait pas à faire cela. Il m’a menacée, disant qu’il allait me retrouver. J’ai dû rentrer en courant dans un magasin.»