Il s’est suicidé en 1996 à Pully, mais il reprend vie à partir du jeudi 23 janvier sur une scène parisienne. Le Vaudois François Genoud, admirateur d’Hitler, activiste pro-nazi et soutien des nationalismes arabes les plus durs, est à l’affiche du Théâtre de la Renaissance. L’immense comédien français Jacques Weber lui prête ses traits et sa voix dans une pièce toute nouvelle, intitulée L’Injuste.
Le propos, tel que décrit sur le site du Théâtre de la Renaissance, est le suivant :
Interviewé le 4 janvier sur France 2 dans l’émission Belle Epoque, Jacques Weber n’a pas caché qu’il craignait «l’accueil très polémique» qu’il allait «avoir à affronter» dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas, alors que les actes antisémites ont connu une forte hausse en France depuis les massacres du 7 Octobre.
Joint par watson, le journaliste et réalisateur français Alexandre Amiel est l'un des quatre auteurs de L'Injuste.
Né à Lausanne, François Genoud a 17 ans, en 1932, lorsqu’il fait, un peu par hasard, la rencontre d’Hitler, le dirigeant du parti nazi et futur chancelier du IIIe Reich. Le jeune Vaudois vit depuis un an et demi en Allemagne, dans la région de Bonn, où il est apprenti chez des fabricants de papiers peints, le métier de son père. C’est l’un de ses hôtes allemands qui le présente au Führer.
«Je lui ai dit quelques mots, notamment mon grand intérêt pour le national-socialisme...», relate François Genoud au journaliste français Pierre Péan, qui sort en 1996 une biographie consacrée à celui qu’il appelle le «Lucifer» vaudois – L’Extrémiste. François Genoud, de Hitler à Carlos (Fayard).
De retour en Suisse, l’adolescent lausannois a grandi. Il adhère au Front national, un parti favorable au nazisme. Il y crée une branche jeunesse, dont il devient le chef. Il fait le coup de poing, est brièvement incarcéré. Il a des envies de grands voyages.
En 1936, il part pour l’Orient, s’arrête en chemin à Jérusalem. Après avoir serré la main d’Hitler quatre ans plus tôt, il serre celle du mufti Hadj Amine el-Husseini, qui partage les idées antisémites du Führer. A cette époque, «la Palestine est secouée par les premiers affrontements entre Juifs et Arabes», relève en 1996 dans Libération le journaliste Karl Laske, un autre biographe de François Genoud – Le banquier noir. François Genoud (Seuil).
C’est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que l’antisémitisme de François Genoud va prendre son essor. Karl Laske, dans Libération:
Dans les années 1960, son antisémitisme et son opposition à l’Etat d’Israël font de François Genoud le défenseur et promoteur des nationalismes arabes. Avec ses cagnottes remplies par les droits d’auteur qu’il a rachetés à des descendants de dignitaires du IIIe Reich, celui qu'on surnomme le «banquier nazi» finance des mouvements insurrectionnels.
Sa nationalité suisse l’aide dans ses activités d’entremetteur entre l’Egypte de Nasser et les Algériens du FLN, où d’anciens nazis font office de conseillers – le sujet du roman du Franco-Algérien Boualem Sansal actuellement détenu en Algérie, Le village de l’Allemand ou le Journal des frères Schiller (Gallimard).
Karl Laske rapporte ce que François Genoud disait à propos d'Israël:
Le journaliste de Libération ajoute:
Le FPLP est cette organisation terroriste que le syndicat étudiant de gauche radicale CUAE de l’Université de Genève évoque dans son dernier agenda, où il est question, sans recul critique, d’un détournement d’avion, justement.
Le banquier et éditeur François Genoud devient un fervent soutien du terroriste international Carlos, de son vrai nom Ilich Ramírez Sánchez, un Vénézuélien lié au FPLP, que la France enlèvera au Soudan en 1994 lors d’une opération spéciale.
François Genoud confiera à Pierre Péan – comme on peut le lire dans l'hebdomadaire L'Express en 1996:
En 1994, François Genoud disait, à propos d’Israël d'Israël encore:
Deux ans plus tard, en 1996, alors que la Suisse affronte le scandale des fonds juifs en déshérence, François Genoud, marginalisé mais jamais condamné en Suisse pour son aide aux mouvements terroristes, se donnait la mort, à Lausanne, en absorbant un cocktail chimique devant ses proches, écrivait Karl Laske. En l’imaginant répondre à une journaliste israélienne, la pièce L’Injuste le confronte à son plus grand ennemi, ainsi qu'à ses choix.