«Je n'ose pas imaginer le traumatisme des enfants qui attendent le retour de leur père du travail et qui le voient débarquer à la maison sous la menace de gens armés.» Habitante de Bassecourt, localité de la commune de Haute-Sorne (JU), où un terrifiant braquage s'est produit mercredi soir, Valérie* est sous le choc.
Son émotion est partagée par toute une région. «Je connais l'homme braqué, sa femme et leurs enfants. Je sous-traite avec son entreprise. Je suis triste. Je lui ai envoyé un message hier soir mais il n'a pas répondu», a indiqué un chef d'entreprise. «On a des caméras de vidéosurveillance et un bon dispositif de sécurité, mais on ne sait pas ce qui va nous tomber dessus. Oui, j'ai peur même si j'essaie de ne pas trop penser à cette triste affaire», commente la cheffe d'une entreprise de polissage.
Le déroulement et la chronologie du braquage avec prise d'otages de mercredi soir font également frémir la population. «Ce sont des scènes qu'on ne voyait que dans les films. Une telle violence, c'est du jamais vu en Suisse. J'espère que les bandits seront arrêtés», réagit un voisin de L.T., le patron d'entreprise. En réalité, les faits qui ont eu lieu mercredi présentent de troublantes similitudes avec un autre braquage qui s'est déroulé à La Chaux-de-Fonds (NE) en 2018. Là aussi, six hommes armés avaient pris en otage un chef d'entreprise et sa famille. Autre coïncidence: l'homme dirigeait une entreprise spécialisée dans la récupération de... métaux précieux.
L'affaire fait parler d'autant plus que L.T. est une célébrité locale. Ce chef d'entreprise a une réputation qui dépasse même les frontières jurassiennes. En effet, ce Suisse originaire du Kosovo est considéré comme un symbole de réussite pour la communauté albanophone. «Il est parti de rien. Et grâce à son travail et à son intelligence, il a réussi sa vie», témoigne une connaissance.
Depuis 2012, il est à la tête d'une entreprise horlogère spécialisée dans le luxe, notamment l'or. Selon nos informations, depuis le braquage de mercredi soir, les locaux de l'entreprise sont fermés. Vraisemblablement pour permettre aux enquêteurs de recueillir les traces qui les mèneront vers les braqueurs.
Des braqueurs, qui se sont volatilisés avec leur butin en direction de la France, on ignore tout pour le moment. «Ce n'est pas juste une affaire de grand banditisme venu de France et qui a fait un travail de repérage. La personne qui a orchestré tout ça doit bien connaître L.T. et sa famille. Ce n'est pas possible autrement», avance un ami du patron d'entreprise.
«L.T. peut être très sympa, mais ce qui compte pour lui, c'est d'abord le résultat. Il peut manger une grillade avec un employé le vendredi et le virer le lundi. C'est un patron d'entreprise quoi...», soutient un ancien collaborateur licencié. Envieuses et jalouses, quelques langues affirment que l'homme «aime exhiber sa richesse et ses grosses bagnoles». Une critique balayée par plusieurs proches de l'homme d'affaires. «Il a réussi certes, mais il n'est pas arrogant. Il n'y a pas de raison pour qu'il cache sa réussite. C'est un bon père de famille», défend un Kosovar. «Loin d'être un adepte du bling-bling, c'est un homme très discret. Il a déjà décliné plusieurs demandes d'interviews de journalistes», ajoute une connaissance.
D'après nos informations, L.T. est aussi un passionné du ballon rond. Pendant plusieurs années, il a présidé un club de foot local jurassien.