La deuxième journée du procès des six policiers lausannois a été consacrée à l'audition de dix témoins. Le temps fort et bouleversant a été les témoignages de la femme et du frère de Mike.
Pour la veuve, en pleurs, le décès de son mari a été «un désastre, comme si ma vie était finie. J'étais complètement dévastée, seule avec mes deux enfants et enceinte d'un troisième». Cinq ans après les faits, elle déclare «attendre qu'une justice parfaite soit faite».
Elle a décrit Mike, rencontré en 1999, comme «une bonne personne, charmante, empathique, calme et très responsable».
«J'ai donné naissance à l'époque à un enfant qui ne pourrait jamais connaître son père. Le plus douloureux, c'est quand il me demande quand son père va revenir (...) Il me pose la question chaque jour et ça me fait à chaque fois pleurer», a-t-elle dit.
Depuis le décès de Mike, «toute ma famille est dans la douleur. Ma mère s'est évanouie quand elle a appris la nouvelle. Elle est ensuite décédée d'une crise cardiaque deux mois après les funérailles, à 65 ans», a ajouté le frère.
Après l'audition de la veuve et du frère, trois policiers ont tenu à s'exprimer en se tournant face à eux. «Ma sensibilité me fait connaître la douleur de quelqu'un qui perd un proche. C'est inquantifiable, incommensurable. J'ai entendu dans vos récits à quel point votre douleur est encore vive. Son décès m'a touché très profondément. Je veux vous présenter mes condoléances et j'espère que vous mesurez la sincérité de mes propos», a dit l'un d'eux.
Deux collègues ont fait pareil, exprimant condoléances et sympathies par rapport à «la douleur que vous vivez». «Cela me tenait à coeur», a dit l'un, «Je suis navré pour tout ça», a ajouté l'autre.
Auparavant, dans la matinée, un ressortissant français avait livré son témoignage. Logeant dans un immeuble proche de la scène, près de la gare, il a dit avoir entendu des «cris particuliers, de plus en plus puissants, de l'ordre de l'urgence, des cris de douleur plus que de quelqu'un qui lutte».
Il a expliqué avoir vu depuis la fenêtre de sa chambre Mike maintenu «fermement» et avec «vigueur» au sol: quatre policiers, deux de chaque côté, au niveau du haut du corps, et deux autres au niveau des jambes.
Ce témoin n'a pas pu préciser exactement comment Mike était tenu ni comment les policiers s'appuyaient ou non sur lui. «Il me semblait maîtrisé. J'ai été frappé par le nombre de policiers», a-t-il dit. Il n'a pas pu s'exprimer sur la taille ou le poids de la victime.
Il a terminé son témoignage en disant que la tentative de réanimation avait duré environ 30 minutes puis que la victime avait été laissée seule à terre et recouverte d'une couverture technique. «Il est clair pour moi que la réanimation avait échoué et que la personne était décédée», a-t-il relevé.
Parmi les autres témoins de la journée, le numéro deux de la Police municipale de Lausanne, l'épouse, un ami et quatre collègues de policiers. Ces six derniers ont tous évoqué des caractères «calmes, posés, respectueux, loyaux» ou encore «bienveillants».
Le procès se poursuit mercredi avec l'interrogatoire des policiers par leurs propres avocats. Les plaidoiries ont été déplacées à lundi et le verdict est attendu jeudi 22 juin a priori. (ats/cru)