Suisse
Justice

La police ne peut plus confisquer de petites doses de cannabis

Pourquoi la police suisse ne peut plus saisir de petites doses de cannabis

C'est un jugement qui fera date. Le Tribunal fédéral a affirmé qu'une quantité minime de cannabis ne peut pas être confisquée par la justice. La loi le stipule déjà, mais cette position juridique avait toujours été rejetée par des instances inférieures.
26.07.2023, 05:4926.07.2023, 05:49
Leo Helfenberger
Leo Helfenberger
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Jusqu'en 2017, toute personne contrôlée par la police avec du cannabis dans sa poche était passible d'une amende d'ordre de 100 francs. Cette pratique n'a pas de base légale en Suisse. En effet, la loi sur les stupéfiants stipule:

LStup art. 19b:

1. Celui qui se borne à préparer des stupéfiants en quantités minimes, pour sa propre consommation ou pour permettre à des tiers de plus de 18 ans d’en consommer simultanément en commun après leur en avoir fourni gratuitement, n’est pas punissable.

2. Dix grammes de stupéfiants ayant des effets de type cannabique sont considérés comme une quantité minime.

Au plus tard depuis l'arrêt du Tribunal fédéral de 2017, les policiers ne devraient plus distribuer d'amendes pour la simple possession de quantités minimes (uniquement pour la consommation observée). Ce lundi, la plus haute juridiction de Suisse va encore plus loin dans une décision de référence.

Le Tribunal fédéral de Lausanne confirme: la pratique actuelle concernant les petites quantités de cannabis n'a pas de base légale.
Le Tribunal fédéral de Lausanne confirme: la pratique actuelle concernant les petites quantités de cannabis n'a pas de base légale.Image: KEYSTONE

En effet, jusqu'à présent, il était pour le moins courant que même des quantités minimes soient confisquées pour être détruites lors d'un contrôle. Désormais, le Tribunal fédéral de Lausanne écrit dans un communiqué de presse: «Une quantité minime de cannabis, destinée à la consommation personnelle, ne peut pas être confisquée par la justice en vue de sa destruction».

Voilà ce qui explique cette décision

Cette décision fait suite à un cas survenu en 2019. Le Corps des gardes-frontière avait trouvé 2,7 grammes de marijuana et 0,6 gramme de haschisch sur un homme à la gare de St. Margrethen (SG) et lui avait infligé une amende. Le Tribunal fédéral s'oppose maintenant à la décision du tribunal d'arrondissement du Rheintal et du tribunal cantonal de Saint-Gall, qui avaient auparavant respectivement ordonné et approuvé la confiscation et la destruction des drogues.

«La confiscation d'objets dangereux suppose un lien direct avec une infraction concrète», écrit encore le Tribunal fédéral. En effet, selon la jurisprudence suisse, le propriétaire n'a pas commis d'infraction en détenant une quantité minime de cannabis.

ARCHIV - SYMBOLBILD - Ein Mann raucht am 30.11.2006 in Würzburg (Bayern) einen Joint mit Marihuana. Häufiges Kiffen scheint Amerikanern den Spaß am Sex nicht zu verderben - eher sogar im Gegenteil. Da ...
Les personnes prises en flagrant délit de consommation de cannabis continueront à payer une amende et s'exposeront à la confiscation de la drogue.Image: DPA dpa

En Suisse, seules la culture, la consommation et la vente de la drogue sont punissables, et non la possession de petites quantités. Ainsi, pour confisquer les drogues constatées, la police devrait procéder à des investigations supplémentaires sur leur origine, ce qui ne serait pas proportionnel dans le cas de quantités minimes.

Une lutte de plusieurs années

La décision représente l'aboutissement d'un long combat. Till Eigenheer l'avait déjà accueilli il y a près de dix ans, alors qu'il était encore étudiant en droit, et avait obtenu un jugement en ce sens devant le tribunal de district de Zurich. «Je défendais déjà à l'époque l'opinion juridique selon laquelle la confiscation de quantités minimes était illégale», explique Eigenheer à watson.

Mais avant d'être confirmée par le Tribunal fédéral, cette position juridique a toujours été rejetée par des instances inférieures. «Le jugement va maintenant avoir un effet à grande échelle», estime Till Eigenheer. «Il sera plus difficile de poursuivre les délits liés au cannabis».

Die Polizei ist unterwegs an der Seepromenade in der Neujahrsnacht in Zuerich, aufgenommen am Donnerstag, 31. Dezember 2020. (KEYSTONE/Alexandra Wey)
CBD et possession légale: la police a de plus en plus de mal à sanctionner les délits liés au cannabis.Image: keystone

L'association Legalize it! se réjouit également: elle avait déjà écrit en 2013 dans une brochure d'aide juridique que la possession de petites quantités de cannabis n'était pas punissable et que les drogues ne pouvaient donc pas être confisquées.

«C'est une grande satisfaction de se voir confirmer cette position par le Tribunal fédéral après dix ans!»
Sven Schendekehl, membre du comité de l'association Legalize-it!

Que faire avec le cannabis?

Pour Till Eigenheer, qui a entre-temps terminé ses études de droit et fondé sa propre start-up, d'autres questions se posent désormais: «Dans les motifs de son jugement, le Tribunal fédéral place une petite quantité de cannabis sous la garantie de la propriété». Une personne qui se fait voler une petite quantité de cannabis, par exemple, pourrait la déclarer volée à la police.

De plus, selon le Tribunal fédéral, l'importation de quantités minimes est également définie comme un acte préparatoire, qui reste donc non punissable. Cela placera non seulement la police, mais aussi les douanes devant de toutes nouvelles réalités.

Malgré toutes ces réflexions, le jugement n'est pas une légalisation insidieuse du cannabis, constate Till Eigenheer. Au contraire, «la loi est enfin interprétée comme le Parlement l'avait envisagé en 2012». Ainsi, le rapport de la commission stipulait déjà à l'époque: «On ne peut pas confisquer une quantité minime de cannabis que l'auteur porte seulement sur lui».

Traduit de l'allemand par Nicolas Varin

Arrestation au Mexique du fils du célèbre narcotrafiquant «El Chapo»
Video: watson
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