La défense suisse doit sortir de son isolement. Le Conseil fédéral a adopté, vendredi, une stratégie comprenant différentes mesures de coopération avec le reste de l'Europe pour son armement. Il veut aussi rendre son marché intérieur plus attractif pour ses voisins.
La Suisse est particulièrement isolée depuis qu'elle s'est opposée à la réexportation de matériel de guerre vers l'Ukraine, a rappelé le ministre de la Défense Martin Pfister face à la presse.
Une réorientation de la politique d'armement s'impose donc. La Suisse doit d'une part renforcer son autonomie en achetant davantage indigène et en investissant plus dans la recherche. Le but est de devenir plus attractif auprès des autres Etats, selon le gouvernement.
La part octroyée à la recherche sera de 2%, contre 1% actuellement. Les nouveaux investissements seront compris dans le budget de l'armée, dont l'augmentation a été validée par le Parlement.
La Suisse a les capacités de se positionner en tant que pôle européen en matière de défense en particulier en ce qui concerne les technologies émergentes, selon Martin Pfister. Le pays sera plus proactif dans ce domaine, a-t-il dit.
Le pays doit d'autre part s'ouvrir davantage au reste du continent, en harmonisant son matériel avec ses voisins et en facilitant les exportations notamment. Au total, les achats doivent être suisses à 60% et européens à 30%. Les proportions appliquées jusqu'à aujourd'hui ainsi que les éventuelles retombées économiques n'ont pas été indiquées.
L'achat de F-35 conclu avec les Etats-Unis en 2022, qui tomberait dans les 10% restant, ne sera pas impacté, a précisé le chef de l'armement Urs Lohrer. La répartition des achats ne doit pas absolument atteindre les proportions indiquées, a-t-il assuré.
La Suisse veut également renforcer sa participation aux différents projets liés à l'Otan et à l'UE. Elle a d'ailleurs autorisé vendredi l'Office fédéral de l'armemement armasuisse à acquérir des systèmes de défense sol-air de moyenne portée dans le cadre de sa participation à l'initiative European Sky Shield.
Questionné sur le rôle de l'entreprise d'armement Ruag, épinglée à plusieurs reprises suite à des irrégularités, M. Lohrer a répondu qu'il sera «au moins aussi important» qu'actuellement. (jah/ats)