Le tribunal correctionnel de Genève a rendu son jugement. Tariq Ramadan est acquitté au bénéfice du doute.
Commencé le 15 mai, le procès contre Tariq Ramadan pour «viol» et «contrainte sexuelle» vient donc de connaître son dénouement. Il se sera tenu dans une atmosphère tendue tout au long des trois journées d'audience de la semaine dernière. C'était parole contre parole, celle, d'une part, de l'accusation, portée par la plaignante Brigitte, son prénom d'emprunt dans cette affaire, une femme de 57 ans, celle, d'autre part, de la défense du prévenu, Tariq Ramadan, 60 ans.
Ce mercredi 24 mai, le calme avait comme succédé à la tempête: une salle silencieuse, 32 journalistes contre 39 au plus fort du procès, le prévenu assisté de deux avocats, assis à l'avant de la salle, la plaignante en retrait, entourée de deux conseils.
Le président du tribunal Yves Maurer-Cecchini a lu en préambule une motivation orale du jugement à venir, mettant en balance les arguments et leur apparition dans la chronologie, les faits reprochés remontant à octobre 2008, à Genève. Il ressort des témoignages de l'entourage de la partie plaignante que le terme de «viol» n'a pas été prononcé dans les jours suivant les faits allégués. Que ce mot n'est apparu qu'une dizaine d'années plus tard.
La «dédicace», le «fer et la planche à repasser», les «menstruations» de la plaignante, des éléments clés du procès, les messages précédant la rencontre faisant entrevoir une admiration de celle-ci pour Tariq Ramadan, ceux envoyés par elle à la suite des faits présumés, dans lesquels n'apparaissent jamais des reproches de violence, ne plaident pas en faveur de la plaignante. Le tribunal ne reconnaît pas la réalité d'une emprise du prévenu sur Brigitte. Il rappelle que celle-ci n'a jamais fait part de violences sexuelles subies par Tariq Ramadan dans ses échanges avec Caroline Fourest et Jean-Claude Elfassi. Mais il admet qu'elle a vécu un stress post-traumatique l'ayant amenée à consulter un psychiatre.
Le tribunal estime par ailleurs que Tariq Ramadan n'a pas été très clair dans ses déclarations. Que, se rapportant au volet français de l'affaire, le prévenu a menti sur des liaisons extraconjugales, avant de les reconnaître.
Au vu de tout cela, le tribunal n'a pas été en mesure de se forger une intime conviction. Le doute profitant à l'accusé, il est acquitté. Déboutée, la plaignante a quitté la salle avant la levée de l’audience. Son avocat Robert Assaël a annoncé faire appel du jugement.