Le syndic de Lausanne, le socialiste Grégoire Junod, devait être ce soir sur le plateau du téléjournal de la RTS, à 19h30. Il se sera certainement expliqué sur son emploi du mot «systémique», lundi 25 août en conférence de presse, pour qualifier le racisme dans la police de sa ville. Un mot qui passe mal au sein des forces de l’ordre lausannoises, qui dénoncent un amalgame. Le médiateur appelé pour redonner un cap au corps de police lausannois, l’ancien commandant de police neuchâtelois André Duvillard, estime également que le terme «systémique» est en l’occurrence «inadapté», comme il l’affirmait samedi dans une interview à watson.
Depuis sa prise de parole devant la presse le 25, au lendemain du premier soir des émeutes consécutives à la mort du jeune Marvin lors d’une course-poursuite avec la police, Grégoire Junod a pu donner l’impression de vouloir fuir le devant de la scène.
Convié à l’émission Infrarouge du mercredi 27 consacré aux messages racistes des groupes WhatsApp dans la police lausannoise, le syndic avait décliné l’invitation, laissant sa place au municipal chargé de la sécurité, le PLR Pierre-Antoine Hildbrand.
Joint lundi après-midi par watson, Grégoire Junod indique qu’il n’a pas pu se rendre à Infrarouge car il assistait «ce soir-là à Berne à une réunion des grandes villes suisses». Il ajoute:
Réaction de Pierre-Antoine Hilbrand, également joint par watson:
Le municipal à la sécurité publique préfère commenter l'annonce de la Ville de Lausanne faisant état de quatre procédures de suspension immédiate initiées ce lundi dans la police, en lien avec les messages racistes des groupes WhatsApp. Celles-ci s'ajoutent aux quatre procédures annoncées lundi dernier.
Sur le recours au terme «systémique», le syndic Grégoire Junod se défend. «Derrière ce mot, dit-il, il n’y a pas l’idée de dénoncer un racisme généralisé au sein de la police municipale. Il s’agit simplement de reconnaître que la structure et le fonctionnement actuels de la police ne permettent pas de détecter et de traiter les dérives de ce type.»
Grégoire Junod ajoute:
Les événements et révélations dramatiques ayant eu Lausanne pour théâtre il y a une semaine vont à présent irriguer les mois qui séparent le chef-lieu et le canton de Vaud avec lui des élections communales du 8 mars prochain. Une date qui coïncidera avec la Journée internationale des droits des femmes.
La bataille s’annonce féroce, d’autant plus que la droite ne compte qu’un siège sur sept dans l’exécutif lausannois, celui du PLR Hildbrand, les autres étant occupés par la gauche (PS, Verts et POP).
S’il est un parti qui n'a pas l'intention de retenir ses coups, c’est bien l’UDC, une petite formation à l’échelle lausannoise – sept siège seulement sur 100 au Conseil communal (législatif).
Possible futur candidat à l’exécutif lausannois, le chef du groupe UDC au Conseil communal, Valentin Christe, affirme à watson que «Lausanne vit un déclassement sécuritaire» et que la faute en incombe à la gauche majoritaire.
L’élu du parti national-conservateur pointe notamment du doigt «la politique des subventions aux associations confiée à la FASL (réd: la Fondation pour l'animation socioculturelle Lausannoise), richement dotée, noyautée par la gauche et l’extrême gauche».
Il ne fait guère de doute que l’UDC, dans son offensive sécuritaire, attaquera le siège du PLR Hildbrand. Il se dit dans le parti national-conservateur que le seul élu de droite à l’exécutif lausannois «se plie trop souvent aux décisions de la majorité de gauche» et qu’il est pour cette raison «un poids pour son propre parti». L’UDC tiendra sa prochaine assemblée générale le 8 septembre. Elle désignera à cette occasion son ou ses candidats à la municipalité de Lausanne.
Deux places au moins seront à prendre en mars, celles des sortants David Payot (POP) et Florence Germond (PS). Le PLR, lui, se lancera dans la course avec trois candidats, le sortant Pierre-Antoine Hildbrand et deux femmes, la présidente de la section lausannoise du parti, Mathilde Maillard, et l’avocate Marlène Bérard.
Comme l’UDC, cette dernière entend faire de la sécurité un axe fort de campagne.
S’agissant des comptes WhatsApp décriés, elle affirme :
Elle aussi en veut à Grégoire Junod pour le mot «systémique»:
Marlène Bérard s'en prend à son tour à la FASL, qui, dit-elle, «claque 11 millions par année en faveur des maisons de quartier et qui organise des ateliers pour savoir comment voter». Pour autant, ajoute-t-elle, «il est important de travailler en faveur de l’intégration des étrangers, il ne faut en aucun cas les exclure».
La candidate PLR décoche ses flèches contre la municipale Émilie Moeschler (PS), en charge des sports et de la cohésion sociale, à ce titre responsable des mesures d’accompagnement des toxicomanes. «C’est à elle qu’on doit l’antenne d’injection de la Riponne, qui amène de l’insécurité sur la place», dénonce celle qui s’était opposée «avec succès» en 2007 à une initiative municipale en vue de l’installation d’un premier local de ce type dans le chef-lieu vaudois.
On a dit féroce? La bataille électorale promet d’être rude. «Nous sommes prêts à prendre les coups et à les rendre», prévient l’actuel président du groupe socialiste au Conseil communal, Louis Dana. Ce dernier défend l’expression «racisme systémique» employée par le syndic.
Louis Dana était membre en 2019 de la commission de gestion du Conseil municipal. Comme l’a révélé la RTS, cette commission avait eu connaissance cette année-là de la photo montrant un policier pouce levé à côté d’un tag en mémoire de Mike Ben Peter, mort un an plus tôt à la suite d'une interpellation policière en raison d'un soupçon de trafic de drogue. Le municipal Hildbrand chargé de la sécurité ne devait prendre connaissance de ce cliché qu’en 2023. Pourquoi un tel retard dans la transmission de cette information, à l'origine du scandale des groupes WhatsApp?
Louis Dana:
Moudon, dans le canton de Vaud, accueillera bientôt la formation des policiers en lieu et place de Savatan. «Un défi pour le canton de Vaud», reconnaît Louis Dana.
Afin de répondre à la crise qui frappe la police lausannoise, et pour répondre aux offensives électorales de la droite, le président du groupe socialiste au Conseil communal lausannois entend agir sur deux plans au moins dans les prochains mois: