Une contre-pétition est parvenue ce lundi 13 mai au rectorat de l’Université de Lausanne (Unil). Elle répond à celle signée par plus de 300 professeurs, doctorants et assistants en soutien au mouvement propalestinien occupant l’un des bâtiments de l’Unil depuis le 2 du mois.
Intitulée «Pour une liberté académique», ses signataires tiennent «à réaffirmer l’importance de distinguer clairement la recherche et l’enseignement académique de tout militantisme».
Le texte, qui comprend d’autres paragraphes, a reçu pour l’heure les paraphes de 147 professeurs, maîtres d’enseignement et de recherches, doctorants et assistants de l’Unil. S’y ajoutent les signatures de 122 «soutiens», des personnes extérieures à l’Université de Lausanne ou y ayant étudié.
Maître d’enseignement et de recherche en sociologie de la communication et de la culture, spécialisé dans l’étude des religions dans l’espace public, Philippe Gonzalez est l’un des initiateurs de cette contre-pétition. Membre de la faculté des sciences sociales et politiques (SSP), il est l’un des rares SSP – seulement six – à l’avoir signée. Cela contraste avec la pétition de soutien au mouvement d’occupation, dont la plupart des signataires est issue des rangs SSP.
Ce qui gêne Philippe Gonzalez et les cosignataires de la contre-pétition, c’est de constater qu’«il n’y a pas de place dans la mobilisation actuelle (réd: propalestinienne) pour des étudiants juifs ou israéliens, dont la tare serait qu’ils sont attachés à l’existence d’Israël, quand bien même ils seraient critiques envers le gouvernement israélien», dit-il, joint par watson.
«Au lieu de quoi, face à la situation dramatique à Gaza, poursuit Philippe Gonzalez, nous sommes confrontés à des slogans binaires, ne laissant aucune place à la nuance dans l'analyse du conflit, des slogans, qui plus est, repris par des collègues professeurs. A ce compte-là, c’est la fin du travail scientifique.»
S’agissant des partenariats de l’Unil avec des universités israéliennes, dont le mouvement d’occupation exige la suspension, Philippe Gonzalez estime que ce point «aurait pu être abordé dans le cadre du Conseil de l’Université», qui est le lieu du débat démocratique à l’Unil.
Les 147 signataires de la contre-pétition (sans compter les soutiens) appartiennent à plusieurs facultés: biologie, médecine, droit, sciences de la terre, HEC, lettres, criminologie, les moins représentés relativement à leur nombre à l’Unil, étant, comme précisé plus haut, ceux de SSP.
A noter que les trois personnes, dont Philippe Gonzalez, qui ont adressé la contre-pétition au rectorat, appartiennent aux SSP. Comme si leur intention était de faire acte de résistance, en tout cas de marquer leur désaccord avec le reste de la faculté.
La contre-pétition dit encore:
Les initiateurs de la contre-pétition n’ont pour l’heure pas reçu de retour du rectorat.
Dans une tribune au ton polémique parue ce jour dans 24 Heures, l’ancien président du Parti libéral suisse, le Vaudois Claude Ruey, affirme que l’actuelle occupation de l’Unil «viole le droit pénal». Il estime qu’«il y a prise d’otages par un groupe d’activistes» et accuse les autorités universitaires lausannoises de «faire preuve d’une mollesse et d’une absence de responsabilité coupables», en comparaison de leurs homologues suisses alémaniques. Il en appelle aux «autorités politiques», afin «qu’elles mettent un terme à cette chienlit».
Le mouvement d'occupation de l'Unil touche-t-il à sa fin?